Formes étiologiques et cliniques de l’ulcère à hypopyon

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Suivant la nature et la virulence de l’agent infectant qui peut être, en dehors du pneumocoque, le  diplobacille, le streptocoque, le bacille pyocyanique, le bacille liquéfiant de Petit, suivant le mode d’infiltration de la cornée, l’ulcère à hypopyon peut évoluer sous des tableaux cliniques variés :

L’ulcère a pneumocoques

La description qui précède se rapporte plus précisément à l’ulcère à pneumocoque, dans sa forme la plus habituelle.

Pneumocoques
Pneumocoques

L’ulcère à pneumocoques peut cependant revêtir d’autres formes :

Il peut évoluer de façon foudroyante et aboutir, en peu de jours, à la perforation de la cornée.

L’ulcère térébrant

L’ulcère térébrant diffère de l’ulcère serpigineux en ce qu’il montre peu de tendance à s’étendre dans le plan des lames de la cornée ; par contre, il progresse en profondeur.

C’est le plus souvent un ulcère central. Il aboutit rapidement à une perforation centrale de la cornée.

Abcès central de la cornée

Chez le nourrisson, on observe assez souvent une forme particulière d’abcès central de la cornée, probablement à pneumocoques.

Il paraît être d’origine métastatique. Je l’ai observé dans le cas de toxicose, dans le cas d’encéphalite.

Il débute sur un œil, parfois sur les deux en même temps.

C’est d’abord un infiltrat central nummulaire, blanchâtre, lardacé, parfaitement circonscrit, saillant de façon abrupte à la surface de la cornée, au point qu’on pourrait le prendre pour une fausse membrane épaisse.

La périphérie de l’abcès dorme bientôt un bourrelet circulaire plus saillant.

La cornée, au voisinage immédiat de l’abcès nummulaire, est d’abord transparente ; la chambre antérieure est nette, sans hypopyon ; il n’y a pas de réaction irienne.

La situation change en 24 heures. L’ulcère s’étend en surface, par le bourrelet circulaire d’infiltration ; l’hypopyon apparaît ; le centre de l’abcès se nécrose et la perforation a lieu, 48 heures après le début.

Si le nourrisson guérit, un staphylome s’installe. La vision de l’œil atteint, parfois des deux yeux, est définitivement perdue.

Abcès central de la cornée
Abcès central de la cornée

L’ulcère à diplobacilles

Il apparaît à l’occasion d’une conjonctivite angulaire. Il évolue lentement en profondeur, sous forme d’ulcère térébrant.

La membrane de Descemet mise à nu tend à faire hernie, puis se perfore. Il en résulte, au centre de la cornée, une fistule entourée d’une cicatrice blanchâtre à travers laquelle s’écoule l’humeur aqueuse.

Une infection à allure torpide peut en résulter et la vue se perd peu à peu.

Le plus souvent cependant, l’ulcère à diplobacilles évolue comme une forme relativement bénigne d’ulcère à hypopyon.

Ulcère à aspergillus fumigatus

C’est une forme de kératite mycosique à allure aiguë, bien caractérisée. On l’observe le plus souvent chez de jeunes cultivateurs.

Il siège au centre de la cornée et évolue au milieu du cortège des symptômes habituels de l’ulcère à hypopyon.

Des vaisseaux néoformés venus du limbe envahissent la surface de la cornée, convergeant vers l’ulcère ; des vaisseaux venus de la profondeur en font autant, de sorte que l’ulcère central  peut être cerné de vaisseaux hérissés contre lui.

C’est un ulcère bien circonscrit, une sorte d’abcès central bien collecté, saillant à la surface de la cornée, mais mal ouvert, en partie couvert par les lames superficielles qui l’enferment.

C’est un ulcère sec ; il ne manifeste aucun tendance à infiltrer les lames de la substance propre.

Cet ulcère doit être d’abord largement ouvert en surface, à la pointe du galvanocautère ; puis il doit être curetté en profondeur.

Il reste, après curettage, une loge nette dont la paroi peut être attouchée à la teinture d’iode, au mercurochrome, à l’alcool. La guérison se fait alors rapidement.

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