Conjonctivite diphtérique : étude clinique et complications

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Provoquée par la pullulation sur la conjonctive du bacille de Löffler, elle est le type de la conjonctivite à fausses membranes.

Autrefois redoutable par sa fréquence autant que par sa gravité, elle est devenue rare. Elle atteint avec prédilection les enfants de 1 à 4 ans. Elle est exceptionnelle chez le nouveau-né et chez l’adulte ; elle s’observe cependant chez les adolescents.

La conjonctive peut être atteinte de façon primitive. Plus souvent, la conjonctivite est associée à une diphtérie nasale ou pharyngée. Elle s’installe assez souvent au déclin d’une fièvre éruptive : rougeole, scarlatine, comme complication d’une conjonctive à streptocoques ou à pneumocoques ; elle évolue alors sous une forme particulièrement grave.

Étude clinique

La diphtérie conjonctivale peut se manifester sous des formes diffèrent par leur gravité, suivant le degré de virulence du bacille et les réactions de l’organisme.

Forme légère, subaiguë

Elle est en général bilatérale, mais les deux yeux ne sont pas atteints au même degré. Elle débute par une légère injection conjonctivale, accompagnée d’une sécrétion modérée.

Très rapidement, après 1 jour ou 2, l’attention est attirée par l’oedème de la paupière supérieure ; c’est un oedème :

  • pâle
  • mou
  • qui se déprime sous le doigt

Lorsqu’on renverse la paupière, la conjonctive tarsienne apparaît couverte d’une fausse membrane opalescente, d’un blanc grisâtre.

Celle-ci se détache facilement par simple frottement avec un tampon d’ouate ; en certains endroits elle adhère davantage et laisse apparaître, lorsqu’on la détache, une muqueuse rouge, d’où suinte un peu de sang. c’est la forme superficielle dite « conjonctivite croupeuse ».

La fausse membrane enlevée se reproduit rapidement. Après quelques jours elle s’élimine et la guérison se fait simplement, en 2 ou 3 semaines.

Dans cette forme, l’état général est peu atteint. La fièvre est modérée. L’enfant est cependant :

  • pâle
  • abattu
  • il se plaint sans cesse et ne se repose pas
  • l’engorgement des ganglions pré-auriculaires est modéré

Forme grave

Elle se manifeste au déclin d’une :

  • fièvre éruptive
  • elle peut être associée à une diphtérie nasale ou pharyngée

Les signes généraux sont alors plus accusés :

  • abattement
  • prostration
  • pâleur
  • température élevée

La conjonctive apparaît d’abord vernissée ; un bourrelet chémotique enchâsse la cornée. Très rapidement, les signes vont s’aggraver. Dès le lendemain :

  • un oedème violacé gonfle les paupières
  • un liquide sanieux filtre à travers la fente palpébrale

Les paupières dures, brûlantes, ne peuvent être retournées. Lorsqu’on parvient à les écarter, on remarque le chémosis conjonctival.

La conjonctive palpébrale, près du bord libre surtout, est couverte d’un exsudat blanc grisâtre, enchâssé dans la conjonctive. La fausse membrane est adhérente ; lorsqu’on tente de l’enlever, elle se détache en haillons et laisse à nu la conjonctive saignante.

Les ganglions pré-auriculaires et sous-maxillaires sont engorgés de façon diffuse.

Après quelques jours, les paupières sont devenues plus souples. Le liquide sanieux du début a fait place à une sécrétion purulente fluide. Il est alors possible de renverser les paupières.

Une fausse membrane couvre la conjonctive tarsale, envahit les culs-de-sac et déborde sur la conjonctive bulbaire.

En 2 ou 3 semaines, la sécrétion se tarit. Les fausses membranes sont éliminées ; elles laissent à leur place un tissu de granulations rougeâtres. Peu à peu la cicatrisation se fait, aboutissant à un cicatrice étoilée.

Complications

L’évolution de la conjonctivite diphtérique peut s’accompagner de graver complications :

La corné

La cornée est particulièrement menacée, la toxine diphtérique possédant la propriété de dissoudre l’épithélium cornéen et de pénétrer dans le parenchyme.

Même dans les formes légères de conjonctivite diphtérique, la cornée peut être atteinte précocement. Le trouble commence à la partie inférieure de la cornée, près du limbe et s’étend à toute la cornée qui prend une teinte grisâtre, porcelainée.

Elle reprend cependant peu à peu son brillant et sa transparence ; le trouble ne laisse que peu de traces.

Dans les formes graves surtout lorsque la conjonctivite est associée à une diphtérie nasale, on peut observer la nécrose totale de la cornée, accompagnée d’hypopyon et aboutissant à la fonte purulente de l’oeil.

La conjonctivite diphtérique apparaissant précocement comme complication de la rougeole, en pleine éruption, est caractérisée par sa marche inexorable vers la perforation cornéenne et la mort.

Les complication cicatricielles

Les complication cicatricielles résultent de la rétraction cicatricielle de la conjonctive et des adhérences que contracte la conjonctive palpébrale avec la conjonctive bulbaire.

Le xérosis de la conjonctive peut être le résultat désastreux de la cicatrisation.

Les complications d’ordre général

Les complications d’ordre général sont celles de la diphtérie. Cependant la paralysie de l’accommodation et les paralysie des muscles extrinsèques sont une complication exceptionnelle de la conjonctivite diphtérique,

Les formes toxiques conduisent à la mort.

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