Troubles acquis de la vision des couleurs

Les troubles acquis de la vision des couleurs peuvent être divisés en 2 grands parties :

• Dyschromatopsie
• Chromatopsie

Dyschromatopsie

La vision des couleurs peut se trouver modifiée, de façon passagère ou durable, dans des conditions très variées.

Modification des milieux réfringents

Si l’on place devant un oeil, dans une cuve à lames parallèles, un liquide trouble ou coloré, la vision des couleurs par cet oeil se trouve modifiée.

De même, un trouble de l’humeur aqueuse, sa coloration à la suite d’une instillation de bleu de méthylène, suffit à altérer la sensation colorée.

La sénescence du cristallin, le rendant brunescent, altère la perception du bleu.

Les hémorragies de la chambre antérieure ou du vitré donnent une vision rouge du monde extérieur et font que les objets verts paraissent noirs.

Altérations de la rétine

Elles se manifestent souvent par une dyschromatopsie pour le bleu et pour le jaune, accompagnée de chromatopsie. On observe ce trouble dans les affections de la couche neuro-épithéliale de la rétine.

Altérations des voies optiques jusqu’à l’aire visuelle

Elles se manifestent par une dyschromatopsie pour le vert et pour le rouge, accompagnée d’une baisse visuelle. La perception du jaune et du bleu n’est jamais altérée, sauf à la phase de cécité terminale.

Ces troubles nous montrent que la sensation colorée est infiniment plus fragile que la perception des formes et la perception de la lumière.

L’exemple le plus frappant en est donné par des contusions de la région occipitale, dans lesquelles il est fréquent de voir la cécité, d’abord absolue, s’atténuer progressivement :

• la perception de la lumière apparaît d’abord
• puis la perception des formes
• ce n’est que plus tard que se rétablit la perception des couleurs

C’est pourquoi l’étude du champ visuel pour les couleurs offre, pour le diagnostic des altérations des voies optiques, un intérêt particulier.

La vision centrale des couleurs peut être troublée isolément : dyschromatopsie centrale de la névrite rétrobulbaire.

On la décèle à l’examen au stéréoscope, à l’aide des petits index colorés des cartons de Haitz.

Dans les formes atténuées, au début par exemple l’intoxication alcoolique :

• le rouge paraît simplement orangé, plus jaune, puis il est perçu gris, puis il n’est plus perçu.
• le vert apparaît d’abord gris pâle, puis incolore.

La vision des couleurs peut être modifiée dans le champ visuel périphérique.

L’intérêt est surtout de dépister, par un examen minutieux au périmètre, à l’aide des index colorés, de déficit pour les couleurs qui se manifeste dans une moitié du champ visuel, sous forme d’hémiachromatopsie homonyme, en quadrant, un secteur, ou tout simplement sous forme de scotome pour les couleurs.

La dyschromatopsie a alors la même valeur localisatrice que l’hémianopsie ; elle indique qu_e la fonction de conduction n’est encore que légèrement altérée par le voisinage d’une tumeur, par un trouble vasculaire.

Chromatopsie , vision colorée

Elle est caractérisée par le fait que les objets habituellement incolores paraissent colorés et la tonalité des couleurs habituelles se trouve modifiée.

Elle peut se manifester par une coloration :

• rouge
• jaune
• verte
• bleue

Parfois, la couleur complémentaire est perçue en même temps.

On l’observe dans l’aphakie, dans certaines intoxications médicamenteuses :

• xanthopsie, ou vision vert-jaune de l’intoxication par la santonine, par l’oxyde de carbone, par les barbituriques
• vision violette dans l’intoxication par les champignons
• xanthopsie encore dans certaines affections du système nerveux

Le chromatopsie se manifeste parfois sous forme d’éclairs colorés. Elle peut se manifester sous forme d’hallucinations colorées dans la moitié aveugle du champ visuel, dans le cas d’hémianopsie.