La scléro-kératite progressive

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Il s’agit là d’une forme tout à fait particulière de scléro-uvéite, que l’on rencontre assez fréquemment.

Elle a été décrite en France par Panas, sous le nom de scléro-kératite récidivante et bien étudiée par Dianoux, par Rollet et Colrat.

Elle a été décrite en Allemagne par v. Szily, sous le nom de scléro-périkératite progressive.

Le tableau clinique est tout à fait caractéristique :

Apparition d’un nodule de sclérite

Un nodule de sclérite apparaît au voisinage du limbe. Sur la cornée, e, regard de ce nodule, apparaît un trouble interstitiel limité à un secteur.

La sclérite nodulaire
La sclérite nodulaire

Des précipités peuvent se voir à la face profonde de la cornée, en regard du sommet arrondi du trouble triangulaire.

Trois semaines plus tard environ, un bouquet vasculaire profond émerge du limbe et envahit le territoire du trouble cornéen.

Apparition d’un nouveau nodule de sclérite

Après quelques temps, quelques semaines ou quelques mois, un nouveau  nodule de sclérite apparaît, soit au voisinage du nodule initial, soit en un autre endroit, mais toujours au pourtour du limbe, en regard des vaisseaux perforants ; il s’accompagne du même trouble en secteur de la cornée.

La même vascularisation apparaît après quelques semaines dans les couches profondes de la cornée.

De nouvelles poussées se succèdent ainsi, avec des rémissions et des exacerbations, pendant des années.

Chaque poussée laisse comme reliquat un trouble porcelainé de la cornée. On désigne ce trouble sous le terme impropre de kératire sclérosante.

D’année en année, le processus arrive à intéresser peu à peu tout le pourtour de la cornée.

Le segment antérieur du globe prend ainsi un aspect tout à fait caractéristique et qui permet le diagnostic rétrospectif de l’affection : la cornée est trouble, porcelainée ; mais le trouble respecte toujours plus ou moins le centre de la cornée.

Toute la périphérie de la cornée se confond avec la sclérotique ; il n’y a plus entre elles de limite visible ; il n’y a plus de limbe.

Sur la sclérotique on peut reconnaître encore, au pourtour de ce qui fut autrefois le limbe, les taches ardoisées ou les sclérectasies qui sont le reliquat des nodules de sclérite.

Sur la cornée, dans les cas les plus caractéristiques et avant que des phénomènes dégénératifs n’aient modifié l’image, une bordure festonnée dessine, en regard du centre, la limite du trouble interstitiel.

Plus tard, de nombreuses opacités irrégulières effacent la netteté de cette bordure.

Évolution de l’œil

Une fois le processus éteint après de nombreuses années, il arrive, dans les cas les plus favorables, que l’œil reste calme.

La pupille, bien visible à travers la partie transparence de la cornée, ne montre que pas de synéchie.

On dirait que le processus s’est passé exclusivement dans la sclérotique, intéressant secondairement la cornée.

La pupille
La pupille

Le tractus uvéal

Mais le plus souvent, l’iris participe au processus. A chaque poussée nouvelle, les signes d’irido-cyclite révèlent que le processus intéresse en même temps le tractus uvéal.

La tableau clinique est alors mieux désigné sous le terme de segmentile antérieure proposé par de la personne.

Une fois l’évolution apparemment terminée, après des années, une séclusion pupillaire demeure, qui conduit à des accidents ultérieurs de glaucome.

Finalement, l’énucléation devient parfois indiquée.

L’examen anatomique de l’œil énuclée montre alors que les lésions de sclérite sont associées à des lésions très importantes de la partie antérieure de l’uvée.

Cette forme si  caractéristique de scléro-uvéite antérieure s’observe surtout chez la femme ayant dépassé la ménopause ; elle est habituellement de nature tuberculeuse.

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