Les signes oculaires présentent un très grand intérêt. Les paralysies oculaires s’observent fréquemment dans le tabes.
Les paralysies oculaires ne sont pas dues, comme on le croyait autrefois, à l’action élective du poison syphilitique pour les territoires nucléaires des nerfs oculo-moteurs, provoquant la fonte des cellules ganglionnaires.
Les lésions siègent avant tout sut les troncs nerveux. Il y a infiltration des septa vasculaires à l’intérieur du tronc nerveux. Les lésions prédominent à l’endroit où le nerf pénètre dans la dure-mère.
On distingue, du point de vue clinique :
Les paralysies précoces, de la période pré-ataxique. Elles essentiellement fugaces ; elles peuvent apparaître et disparaître en quelques jours, en quelques semaines.
C’est ainsi qu’à l’interrogatoire d’un malade atteint de tabes on relève très souvent la notion ancienne d’une diplopie passagère.
Leimbach, à la Clinique l’Erb, dans une statistique de 400 cas de tabes, trouve la diplopie signalée dans 50 cas, comme premier symptôme.
Elles sont également caractérisées par leur tendance aux récidives.
La paralysies du III
La paralysies du III est la plus fréquente. Elle est presque toujours unilatérale ; elle est le plus souvent parcellaire.
Le ptosis est le signe le plus constant, isolé ou associé à la paralysie du droit supérieur et du droit interne.
La paralysie totale
La paralysie totale (musculature externe et musculature interne) est exceptionnelle.
Une ophtalmoplégie externe peut être le symptôme initial et longtemps unique du tabes. Elle apparaît brusquement et intéresse d’emblée tous les muscles extrinsèques.
Elle s’accompagne le plus souvent de troubles pupillaires. Elle évolue par poussées, avec tendance aux rémissions rapides et même à la régression.
L’ophtalmoplégie interne, apparaît souvent comme signe précoce, longtemps avant l’apparition des autres signes de tabes.
Elle peut être fugace. Au moment où elle régresse, la réaction à la vision de près se rétablit la première et seule persiste pendant quelque temps l’aréflexie à la lumière (stimulant ainsi le signe d’Argill-Robertson).
Elle peut laisser comme reliquat une accommodation tonique, gênante pour le malade parce que l’adaptation de la vision de près à la vision au loin (et inversement) à exige un certain temps.
Une paralysie de l’accommodation s’observe parfois à la période pré-ataxique du tabes.
La paralysie du VI
La paralysie du VI est infiniment plus rare que celle du III.
Pour Uthoff, elle est presque toujours unilatérale. De Lapersonne et Cantonnet, au contraire considèrent qu’une paralysie bilatérale du VI est le plus souvent symptomatique du tabes.
Elle serait d’origine nucléaire, favorisée par le siège superficiel, sous-épendymaire de l’eminentia teres et en relation avec une vasculite syphilitique de la pie-mère, au plancher du IVe ventricule.
Le pathétique est rarement intéressé dans le tabes.