Nous rappelons ici leur existence parce que leur connaissance est indispensable au diagnostic différentiel. Toutes ne peuvent pas être considérées comme de véritables tumeurs.
La pinguecula et le ptérygion
Certaines, en effet, constituer par leurs caractères anatomiques et par leur évolution une entité bien déterminée. Elles ne sont pas considérées comme des tumeurs.
C’est le cas de la pinguecula.
C’est le cas encore du ptérygion, que Redslob considère cependant comme une tumeurs fibreuse hyperplasique. Une tumeur maligne peut, exceptionnellement, se développer sur la tête d’un ptérygion.
Les plaques épithéliales
D’autres néoformations sont le fait d’une métaplasie.
C’est le cas des plaques épithéliales ou kératose conjonctivale.
La forme la plus curieuse de kératose conjonctivale est réalisée par le tylome de la conjonctive.
La kératinisation de la conjonctive ou de la cornée peut aller jusqu’à la formation de véritables cornes. On a vu ainsi des cornes se développer sur un leucome, sur un staphylome de la cornée.
Les néoformations inflammatoires
D’autres encore se présentent comme des néoformations inflammatoires bien caractérisées, symptomatiques d’une affection chronique de la conjonctive.
Il en est ainsi du pannus sarcomateux que l’on observe parfois dans le trachome, sous forme d’une masse blanche bossuée, occupant le limbe et débordant sue la cornée.
Ce n’est autre chose, comme Pascheff l’a montré, qu’un folliculome de la cornée et du limbe.
De même, on observe habituellement , comme manifestation du catarrhe printanier, débordant du limbe, de chaque côté sur la cornée, une masse larcadée saillante.
Elle peut revêtir parfois un aspect vraiment tumoral.
On la reconnaît aux grains de Trantas et aux formations kystiques que l’on aperçoit par transparence à l’intérieur de la tumeur et surtout à l’hyperplasie papillaire, bien visible à la lampe à fente sous forme de papilles pédicules en bordure de la masse.
Pascheff la décrit très justement sous le nom de fibropapillomatose du catarrhe printanier.
Parfois, c’est à la partie supérieure de la cornée que se développe cette néoformation ; on pourrait croire à quelque tumeur myxomateuse.
C’est ainsi encore que l’on peut observer, développé sur un pannus trachomateux ancien, une hyperplasie papillaire ou même une hyperplasie papillopateuse diffuse.
La cornée est couverte de formations papillaires, saillantes, bien caractérisées par le bouquet vasculaire central qui leur confère l’aspect en grains de grenade caractéristique.
Sur un pannus trachomateux enfin, on peut encore voir se développer une hyperplasie d’un type spécial : le plasmone de la conjonctive.
C’est une excroissance d’aspect larcadé, de teinte rouge pâle, qui occupe le limbe et peut déborder sur la cornée. C’est une sorte de chémosis charnu, exubérant ; il peut faire saillie à travers la fente palpébrale.
On discute la nature véritable de plasmome, anatomiquement caractérisé par l’abondance des cellules plasmatiques.
Est-ce une simple hyperplase ? Est-ce une dégénérescence analogue à la dégénérescence amyloïde ?
Est-ce une tumeur, comme le prétend Mawas, une sorte de plasmoctytome ? La question n’est pas tranchée.
C’est en tout cas une tumeur à évolution essentiellement chronique, qui évolue sans signe subjectif, sans douleur, et demeure indéfiniment stationnaire.
Il n’est pas rare non plus de voir se développer au limbe, à l’occasion d’une inflammation, un bourgeon charnu télangiectasique, un granulome, sorte de bourgeon charnu de couleur rouge vif, pédiculé, saignant au moindre contact.
De même, on connaît quelques observations de fibromes, de myxomes, apparus sur la cicatrice d’une lésion inflammatoire ou traumatique, d’un ulcère.