Énophtalmie traumatique

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La réaction du globe dans l’orbite, à la suite d’un traumatisme, s’observe dans des conditions diverses et sous des aspects cliniques très différents.

La luxation du globe dans la profondeur de l’orbite

La luxation du globe dans la profondeur de l’orbite, accident exceptionnel, peut être la complication immédiate d’une grave contusion de l’orbite, en dehors de toute fracture de l’orbite.

Luxation traumatique du globe
Luxation traumatique du globe

L’œil paraît absent. Les paupières sont rétractées dans la cavité orbitaire. Lorsqu’on entr’ouvre les paupières à l’aide d’un crochet releveur, on aperçoit dans la profondeur, derrière le chémosis qui la masque, la cornée apparemment saine.

Il s’agit d’une luxation du globe par déchirure de la capsule de Tenon, ou par désinsertion du septum orbitaire.

Cette lésion, qu’on a observé une fois, impose un traitement chirurgical immédiat. L’indication est la reposition du globe, à la faveur d’une large orbitotomie.

L’œil une fois ramené en avant, il convient de reconstituer en arrière de lui la sangle formée par les fascias de la capsule de Tenon et, sur les côtés, de restaurer le septum orbitaire.

Seule une intervention immédiate a quelque chance de permettre la reposition du globe qui est sain. Si l’on attend, la rétraction cicatricielle fixe le globe en arrière et toute tentative de restauration est illusoire.

L’énophtalmie immédiate

L’énophtalmie immédiate peut être due à une fracture du massif maxillo-malaire, avec affaissement du plancher de l’orbite.

L’indication est d’intervenir sans retard, pour assurer la reposition du plancher de l’orbite. Celle-ci ne suffit pas à elle seule à rétablir le globe dans sa position.

Anatomie du plancher de l'orbite
Anatomie du plancher de l’orbite

Une orbitotomie inférieure large, le long du bord inférieur de l’orbite, permet seule, une fois le plancher de l’orbite mis en place, d’effectuer la restauration des fascias et d’assurer la reposition du globe.

Trop souvent, parce qu’il s’agit habituellement de grands traumatismes, le traitement de l’énophtalmie est remis à plus tard et le résultat obtenu alors est médiocre.

L’énophtalmie

L’énophtalmie peut être enfin la conséquence tardive d’une fracture du crâne, par chute d’un lieu élevé. Dans 1/5e des cas, il y a en même temps fracture du canal optique et atrophie du nerf optique, avec cécité.

Dans d’autres cas, il s’agit d’une grave contusion de l’orbite, avec ou sans fracture. L’énophtalmie s’installe en quelques mois.

Le globe est enfoncé dans l’orbite, le sillon orbito-palpébral profond. L’aspect rappelle celui d’un sujet muni d’une pièce de prothèse, après énucléation.

La fente palpébrale est rétrécie. La mobilité du globe est en général diminuée, souvent du fait d’une paralysie d’un nerf occulo-moteur, mais souvent aussi du fait de la rétraction cicatricielle des fascias.

La pathogénie de l’énophtalmie traumatique est obscure :

On a invoqué la rétraction cicatricielle, secondaire à un hématome rétrobulbaire, la déchirure des fascias ou du septum orbitale.

On a incriminé un trouble trophique du tissu cellulaire de l’orbite, par lésion du trijumeau.
Il semble que, dans bien des cas, on puisse incriminer un état atrophique du tissu cellulaire de l’orbite, en relation avec un trouble vaso-moteur d’origine sympathique.

La coexistence du myosis et de l’hypotonie du globe plaide en faveur de cette hypothèse.

Enfin, on peut voir une énophtalmie durable succéder à une exophtalmie intermittente ou à un exophtalmos pulsatile.

L’énophtalmie traumatique est un état disgracieux qu’il faut considérer comme définitif. Les traitements divers utilisés jusqu’ici se sont révélés illusoires.

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