Le gonocoque est l’agent pathogène habituel de la conjonctive purulente. Cette notion essentielle mérite d’être mise en évidence.
La suppuration n’est cependant pas l’apanage exclusif de l’infection à gonocoques. La conjonctivite à bacille de Weeks, la conjonctivite à pneumocoques, les conjonctivites dites « à inclusions » peuvent s’accompagner d’une sécrétion purulente ; jamais cependant la suppuration n’est aussi abondante que dans la conjonctivite à gonocoques.
C’est surtout lorsqu’on se trouve en présence d’une « ophtalmie purulente du nouveau-né » que l’éventualité peut être envisagée qu’un autre facteur étiologique que le gonocoque peut être en cause. C’est pourquoi nous envisagerons avec le diagnostic de la conjonctivite gonococcique du nouveau-né les autres causes possibles d’ophtalmie purulente.
Sommaire
Infection de la conjonctive par le gonocoque
Anatomie et physiologique pathologiques. Dans le cas de conjonctive blennorragique, le gonocoque se trouve en grande abondance dans la sécrétion conjonctivale, sous forme de diplocoque « en grain de café » caractéristique. Il se colore par les colorants ordinaires, mais il ne prend pas le Gram.
La contagion se fait habituellement par les doigts et par les lignes de toilette. La contagiosité est heureusement faible, car le gonocoque perd rapidement sa vitalité. Abandonné à la température ordinaire sur un milieu sec, sur un ligne de toilette par exemple, il est plus infectant après 3 jours.
Inoculé sur la conjonctive
Le gonocoque se développe de façon extrêmement intense dans l’épithélium. Dès la fin du premier jour, dans les lames épithéliales desquamées, les gonocoques se montrent en très grand nombre, serrés les uns contre les autres, germe à germe, en une seule couche.
Leur toxine provoque, par exsudation, une nécrose lacunaire de l’épithélium.
Stade d’infiltration
Les gonocoques pénètrent ainsi peu à peu dans la profondeur, entraînant par leur toxines une exsudation sérieuse et un œdème considérables.
L’infiltration leucocytaire ne débute qu’après 2 ou 3 jours. On trouve, alors dans la profondeur de l’épithélium, à côté, de gonocoques libres, d’autres gonocoques englobés par les leucocytes polynucléaires.
Stade de réparation
Mais peu à peu, aux dépens des couches basales épargnées de l’épithélium, s forment, par prolifération, de nouvelles couches épithéliales qui refoulent vers la surface les gonocoques avec les cellules épithéliales nécrosées et desquamées.
Le gonocoque est ainsi peu à peu refoulé vers la surface, puis éliminé. Il disparaît de la conjonctive.
Le tableau clinique
Le tableau clinique de la conjonctivite est la traduction de ce processus histologique :
Il existe un période de latence qui ne dépasse guère 24 h.
Stade d’infiltration
Caractérisé par l’hyperhémie, puis par l’imbibition oedèmateuse de la conjonctive.
L’hyperhémie aboutit à une exsudation abondante d’abord claire puis contenant des flocons troubles qui se coagulent parfois à la surface de la conjonctive rouge vif, en une fine fausse membrane. Le stade d’infiltration dure environ 5 jours.
Stade de blennorrhée
L’oedème diminue alors et la conjonctive injectée montre une surface irrégulière, à vif, due à l’exfoliation épithéliale et à l’hyperplasie du corps papillaire.
La conjonctive sécrète un exsudat crémeux, purulent. Suivant le degré de virulence de l’infection, le stade de blennorrhée dure quelques semaines.
Stade de réparation
On observe alors une sédation progressive des symptômes et une diminution de la sécrétion qui, de purulent qu’elle était, devient muco-purulente puis catarrhale. Ainsi, le stade chronique marche avec le temps vers la guérison.