Verres modernes : les verres spéciaux

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De nombreuses personnes ne veulent pas porter les lunettes classiques pour diverses raisons ; c’est pour cela qu’il existe des verres spéciaux.

Verres teintés ; verres « Unicolor »

Verre teinté
Verre teinté

Les verres teintés sont destinés à filtrer certaines radiations nocives du spectre de la lumière solaire ou de la lumière artificielle.

Ils sont exécutés en plusieurs gradations correspondant chacune à un coefficient d’absorption et sont désignés, suivant les fabricants, par les lettres :

  • A, B, C, D (Filtrays : teinte verte)
  • A, AB, B, C (Stigmal : teinte gris-bleu)
  • 20% , 50%, 75% (Zeiss, verre Umbral : teinte brun-rouge)
  • 20%, 40% (Zeiss, Uropunktal : teinte vert clair)

La coloration des verres est obtenue par incorporation, au cours de la fusion, d’oxydes métalliques, qui donnent des teintes différentes suivant leur nature.

Toutes les combinaisons optiques peuvent être exécutées en verres teintés.

Un inconvénient toutefois, pour les verres de forte puissance : la teinte n’est pas uniforme en raison de la différence d’épaisseur entre le centre du verre et les bords.

Pour parer à cet inconvénient, on a exécuté des verres « Unicolor », constitués par un verre blanc travaillé sur ses 2 surfaces, sur lequel on soude par fusion une lame mince à faces parallèles de verre teinté.

Cette lame est soudée du côté de la surface sphérique ou de la surface de base.

L’épaisseur étant régulière, la teinte est uniforme dans toute la surface du verre.

Verres flint

Pour des raisons d’esthétique, on emploie parfois pour les verres courts-foyers, un verre à base de plomb, appelé « flint », dont l’indice de réfraction (1,7) est plus élevé que celui du verre courant e lunetterie, ou un verre « crown », dont l’indice est 1,523.

Possédant un plus grand pouvoir réfringent, il permet l’exécution de verre moins épais, principalement pour les forts myopes ou les aphaques ; mais, la densité du verre étant plus élevée, le gain de poids n’est pas appréciable.

De plus, les verres flint sont plus tendres et se rayent plus facilement.

Verres prismatiques

Ce sont des verres utilisés pour remédier aux insuffisances ou aux paralysies musculaires.

Ces verres, sans action sphérique, sont comparables à des verres neutres, mais les 2 surfaces planes qui les composent, au lieu d’être parallèles, forment entre elles un angle déterminé appelé « angle de réfringence ».

L’arête suivant laquelle les 2 surfaces se réunissent est appelée sommet ; la face opposée est la base.

Tout rayon lumineux qui traverse un verre prismatique est dévié vers la base ; autrement dit, tout objet regardé à travers un prisme est dévié du côté du sommet.

Cette déviation est appelée « effet prismatique » ; elle a pour unité la dioptrie prismatique dont la définition est la suivante : 1 dioptrie prismatique correspond à un verre prismatique imprimant une déviation de 1 com à un objet situé à 1 m de distance.

Un effet prismatique peut être associé à toutes les combinaisons optiques, soit en cours de fabrication, soit par décentrement des verres.

Verres courts-foyers, lenticulaires ou myolenticulaires

Ce sont des verres de forte puissance, convexes ou concaves ; de forte épaisseur, donc lourd, utilisés pour la correction des fortes myopies ou de l’aphakie.

Pour les alléger, on a taillé une facette ronde pour les verres lenticulaires (par surfaçage d’une surface plane), ou une facette ovale, pour les verres myolenticulaires (par surfaçage d’une surface cylindrique).

Ces verres, longtemps utilisés, donnaient un champ de vision restreint ; ils sont actuellement avantageusement remplacés par des verres ponctuels, ou mieux, asphériques, comme sont les verres « Catral » de Zeiss.

Ces derniers verres donnent un grand champ de vision, exempts d’aberrations et surtout d’astigmatisme d’incidence ; celui-ci n’a qu’une valeur de 0,23 dioptries pour un verre de +10 dioptries.

Le verre « télélenticulaire » est constitué par 2 verres soudés au four (comme le double foyer à segment invisible fusionné) :

  • l’un, le support, en verre crown
  • l’autre, la lentille, en verre flint

Ces verres, destinés à la correction des aphaques, sont plus légers que les verres courts-foyers convexes employés habituellement, mais ils présentent les mêmes défauts optiques que ceux-ci en ce qui concerne la distorsion et l’astigmatisme d’incidence.

Verres incassables

Ce sont des verres de sécurité utilisés principalement pour la correction des enfants et des sportifs.

Ils supportent des chocs assez violents et, en cas de bris, les morceaux ne sont pas projetés.

C’est la formule des verres « triplex » employés dans les véhicules.

Ils sont constitués par l’interposition d’une lame d’acétate de cellulose entre 2 lames de verre.

Le tout est soudé à chaud.

Toutes les combinaisons optiques peuvent être réalisées avec de tels verres.

On réalise actuellement ces verres en résine synthétique.

Verres de contact

Verre de contact
Verre de contact

On appelle « verre de contact » une pièce de prothèse optique constitués par une coque qui se place en arrière des paupières, « au contact » du globe oculaire lui-même.

Le principe de cette prothèse a été entrevu, semble-t-il, par Descartes, mais c’est Thomas Young qui, en 1801, imaginait l’appareil qu’il appelle « hydrascope », montra que l’on pouvait obvier aux défauts de la cornée d’un oeil en plongeant celui-ci dans une cuve pleine de liquide, fermée en avant par une lentille.

Le verre de contact n’est en somme qu’une cuve de Young dans laquelle l’épaisseur liquide précornéenne serait réduite à une mince couche entre la surface antérieure de la cornée à corriger et la surface interne d’une lentille méniscale.

Les premières adaptations à l’homme d’un pareil système furent faites en 1888 par Kalt à Paris, fick à Zurich, et August Muller à Vienne.

De nombreux verres de contact ont été fabriqués depuis, avec des techniques différentes, mais tous représentent une coque qui épouse plus ou moins exactement la forme de la partie antérieure du globe oculaire.

Le verre de contact est essentiellement constitué de 2 parties différentes :

  • une partie cornéenne, centrale, plus renflée, d’un rayon de courbure de 7 à 8 mm environ
  • une partie sclérale, périphérique, plus large, d’un rayon de courbure de 12 à 13 mm environ

La partie cornéenne est la partie « optique ».

Elle est destinée à surfacer, grâce à la couche de liquide qu’elle enferme, les défauts de la face antérieure de la cornée.

C’est le rayon de la « nouvelle cornée », limitée par la surface interne du verre, qui, par son pouvoir dioptrique, corrige l’amétrope.

Parfois, on peut ajouter en plus une correction optique en taillant la surface antérieure de cette cornée de contact.

La partie sclérale est surtout destinée à assurer l’adhérence du verre à la sclérotique, à permettre au système de tenir sur l’oeil.

C’est se parfaite exécution, évitant la pression sur le limbe ou la compression des vaisseaux conjonctivaux, qui assure en grande partie la tolérance du verre.

Avant 1940, les verres de contact étaient en verre.

Actuellement, ils sont fabriquées en résine synthétique.

Ils sont ainsi plus légers, incassables et, semble-t-il, mieux tolérés par l’oeil, car plus souples et plus malléables.

La prescription et l’adaptation des verres de contact posent des problèmes techniques complexes et pour la plupart encore en discussion, sur lesquels nous ne pouvons nous étendre.

Les verres sont réalisés d’après un moulage direct de l’oeil lui-même que l’on désire appareiller ; ils peuvent tout aussi bien être choisis après essai d’une des « formes intermédiaires » des boites d’essai standard.

De nombreuses retouches doivent le plus souvent être apportées au verre choisi, pour assurer sa parfaite tolérance.

Parfois, une correction optique doit être ajoutée à la face antérieure du verre, pour assurer une bonne vision.

Il n’y a pas, à proprement parler, en dehors des affections évolutives du segment antérieur, de contre-indication formelle au port de verre de contact.

Cependant, beaucoup de sujets, après en avoir fait l’essai, cessent de les porter.

Les intolérances sont encore fréquentes ; les causes de l’intolérance sont encore mal connues.

Les véritables indications du verre de contact sont relativement limitées.

Les vices optiques

Tous les vices optiques de l’oeil qui ne peuvent être corrigés correctement par les verres de lunettes :

  • le kératocône est l’indication la plus formelle
  • l’astigmatisme irrégulier bénéficie souvent du verre de contact ; on a pu obtenir, dans le cas d’astigmatisme irrégulier, un acuité de 8/10ème, alors que la meilleure correction par les verres ne donait que 2/10ème

Les fortes anisométropies

Les fortes anisométropies sont une autre indication :

L’aphakie unilatérale

Dans l’aphakie unilatérale où le patient était jusqu’ici pratiquement borgne, malgré une excellente acuité de l’oeil opéré, et devenait strabique par défaut d’usage de cet oeil, l’aniséiconie empêchant l’usage des 2 yeux, il est actuellement possible, grâce au verre de contact, non seulement d’obtenir une excellente vision, mais encore de récupérer la vision binoculaire.

Les fortes amétropie

La myopie, quand elle est bilatérale, n’est qu’une indication mineure ; la myopie peut en effet être corrigée par les verres de lunettes.

Cependant, les verres de contact améliorent indiscutablement la qualité de la vision, en ce qu’ils ne modifient pas le grandissement, n’ont pas d’effet prismatique et permettent un champ de vision nette beaucoup plus large.

Les indications qui ne sont pas d’ordre médical

Les indications les plus nombreuses ne sont pas d’ordre médical.

Ce sont les indications sociales ou esthétiques.

Le verre de contact remplace les lunettes chez les sujets qui ne veulent pas en porter ou pour qui les lunettes sont une gêne (sportifs, acteurs, chanteurs), ou dans les circonstances où les lunettes risquent de se perdre (natation, ski).

Dans certaines professions, les verres de contact peuvent jouer un rôle de protection pour l’oeil (marbriers).

Les verres de contact ont encore d’autres indications en ophtalmologie :

La coque de Wessely (où le limbe est marqué par une ligne opaque) et le verre de Comberg (où le limbe est marqué aux 4 points cardinaux par des points opaques) servent au repérage radiographique des corps étrangers intra-oculaires.

Des verres de contact spéciaux, contenant un miroir réflecteur ou des lentilles, permettent la gonioscopie et la biomicroscopie de la rétine.

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