La syphilis des voies lacrymales est une cause fréquente d’atrésie du canal lacrymo-nasal et de dacryocystite.
Soit qu’une lésion hérédo-syphilitique de la muqueuse nasale ait laissé comme reliquat une cicatrice de l’ostium nasal ;
Soit qu’une ostéopériostite de la branche montante du maxillaire ou du squelette nasal, en cours d’évolution ou par suite de l’effondrement du squelette nasal, ait lassé une atrésie étendue du canal lacrymo-nasal.
Cette étiologie doit être suspectée en présence d’une dacryocystite souvent bilatérale, chez un sujet jeune.
La syphilis acquise
La syphilis acquise peut agir de même façon par ostéopériostite du squelette maxillo-nasal.
On observe plus rarement une gomme syphilitique du sac lacrymal. L’aspect est celui d’une dacryocystite ou même d’une pérycystite, caractérisée par son indolence relative.
L’évolution se fait vers la fistulisation. La fistule, à bord taillés à pic, laisse s’écouler en petite quantité un liquide siru peux ou une masse présentant l’aspect classique de marron cru.
Il est moins rare d’observer une gomme des parties molles, dans la région prélacrymale.
Atrésie lacrymale et dacryocystite du nouveau-né
Elle est due à l’imperfection de l’ostium nasal, oblitéré par une fine membrane.
Ectasie du sac
L’imperfection peut se manifester dès les premiers jours après la naissance par une ectasie du sac, de coloration bleuté.
En même temps on peut voir, à travers la narine, une vésicule violacée, tendue, qui occupe le méat inférieur.
La pression sur le sac fait sourdre par le point lacrymal inférieur, mais surtout par le nez, un long vermiothe de bouille épaisse, jaunâtre, rappelant le cérumen.
Plus souvent, après une semaine, elle se traduit par une suppuration conjonctivale qui fait tout d’abord penser à une conjonctivite gonococcique ou plutôt à une conjonctivite à inclusions.
La pression sur le sac fait sourdre en abondance un pus verdâtre, d’abord stérile, mais où l’on trouve plus tard le pneumocoque, le Bacterium coli, le staphylocoque.
La conjonctivite lacrymale à pneumocoques du nouveau-né est souvent due à une atrésie congénitale.
Parfois les signes sont ceux d’une dacryocystite aiguë, avec gonflement et rougeur de la région lacrymale.
L’œdème s’étend aux paupières et à la joue. Sous l’influence d’applications chaudes humides, l’inflammation se résout, mais les signes inflammatoires ne tardent pas à se manifester de nouveau si l’on n’intervient pas à temps par le cathétérisme.
Rarement les signes sont ceux d’un phlegmon du sac, qui s’ouvre à la peau.
Traitement
Si on n’intervient pas, la dacryocystite peut s’éterniser pendant des années. C’est ainsi qu’on peut être amené à observer chez des enfants plus âgés une dacryocystite, cependant congénitale.
Au début, en présence d’une ectasie du sac, le traitement peut se limiter au massage des voies lacrymales.
Souvent un seul massage suffit à évacuer le contenu crémeux des voies lacrymales et à assurer définitivement la perméabilité.
Au besoin, on inciserait par la narine la vésicule qui fait saillie dans le méat inférieur.
Après quelques jours, lorsque la dacryocystite purulente est installée, on peut se contenter de lavages de la conjonctive et de massages prudents, répétées.
Mais si la suppuration persiste, le cathétérisme est indiqué. Contrairement à ce qu’on pourrait redouter, le cathétérisme est facile ; il peut se faire sans le secours de l’anesthésie générale.
Les voies lacrymales sont larges et la sonde n°1, poussée jusque dans le méat inférieur, ouvre le méat obturé et établit la perméabilité.