Trop souvent encore considérée comme conjonctivite scrofuleuse, conjonctivite eczémateuse, elle doit être formellement considéré comme la signature d’une infection tuberculeuse ganglio-pulmonaire récemment installée.
Elle est caractérisée par l’apparition sur la conjonctive, au voisinage du limbe ou sur la cornée, d’un infiltrat leucocytaire qui ressemble à une phlyctène.
On l’observe :
- le plus souvent chez des enfants de 3 à 6 ans
- souvent aussi chez :
- des enfants plus âgés
- des adolescents
- plus rarement chez des adultes
Symptômes
Symptômes fonctionnels
Les symptômes fonctionnels sont très variables suivant que la phlyctène siège sur :
- la conjonctive : la photophobie et le larmoiement sont modérés
- la cornée : la photophobie est intense
L’enfant qu’on nous présente a le visage enfoui contre la poitrine de sa mère ; dès qu’on tente de l’examiner, il contracte les paupières, et révulse le globe en haut. On ne peut l’examiner qu’après l’avoir immobilisé entre les genoux d’un aide ou l’avoir enveloppé dans un lange et après avoir instillé prudemment une goutte de cocaïne dans l’oeil, avant d’écarter les paupières par des crochets releveurs.
Phlyctène
La phlyctène est l’élément caractéristique. Son siège est variable. La phlyctène limbique, la plus fréquente, forme au limbe une petite élevure translucide, accompagnée d’un pinceau vasculaire qui, émané de la conjonctive bulbaire, converge vers la phlyctène.
Plusieurs phlyctènes peuvent siéger en des endroits différents du limbe. Souvent, au voisinage d’une phlyctène principale, se montrent de minuscules élevures, comme une rangée de perles le long du limbe. La phlyctène de la conjonctive, plus rare, se montre le plus souvent isolée, entourée de vaisseaux injectés.
C’est un petit nodule :
- de teinte jaunâtre
- saillant
- mobilisable avec la conjonctive
- insensible à la pression
Elle peut s’ulcérer au sommet, par érosion de l’épithélium de revêtement et, dans les cas graves, se couvrir d’un exsudat pseudo-membraneux. Elle dure quelques jours et s’efface spontanément sans laisser de trace.
La phlyctène de la cornée peut occuper le voisinage immédiat du limbe, serti dans un bouquet vasculaire. Au-devant et tout autour d’elle, la cornée présente un trouble interstitiel blanchâtre ; dans les formes graves, la phlyctène aboutit à une ulcération qui peut aller jusqu’à la perforation de la cornée, avec hernie de l’iris.
Le plus souvent, elle guérit simplement, ne laissant persister qu’une taie insignifiante entourée d’un bouquet vasculaire discret.
Souvent, la phlyctène occupe le centre de la cornée, sous forme d’un petit infiltrat grisâtre au-devant duquel l’épithélium est desquamé, comme le montre la coloration à la fluorescéine. Parfois, un faisceau vasculaire parti du limbe rejoint la phlyctène et l’enveloppe.
Plus rarement, l’infiltrat progresse vers le centre de la cornée, laissant derrière lui une mince bande vasculaire. Il persiste, après guérison, une petite taie reliée au limbe par une discrète traînée de vaisseaux oblitérés.
Évolution
La kérato-conjonctive est en soi une affection bénigne. Elle guérit simplement en quelques jours ou quelques semaines. Mais les récidives sont fréquentes et peuvent se renouveler pendant des années.