Stade de résolution et reliquats de la syphilis congénitale

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La maladie évolue donc depuis 2 mois environ et déjà les signes sont apparus du côté opposé, lorsqu’une détente se manifeste dans les signes réactionnels : la photophobie diminue, l’apparence inflammatoire de l’œil s’atténue, la teinte rouge de la cornée s’efface et celle-ci paraît s’éclaircir.

Stade de résolution

L’iris, jusque-là masqué derrière la cornée trouble, peut être moins œdémateuse, moins trouble. Les vaisseaux, qui s’entre-croisaient en tous sens au centre de la cornée, sont devenus plus grêles ; ils sont cernés d’un halo blanc.

L'iris d'un œil
L’iris d’un œil

Peu à peu, la cornée recouvre sa transparence. Cependant, des îlot d’opacités plus denses persistent en différents endroits, traversés et cloisonnés par les vaisseaux ; ces espaces clairs, sillonnés par un vaisseau, qui compartimentent les îlots d’opacités sont appelés fentes d’éclaircissement de Fuchs.

Opacités et vaisseaux occupent les couches les plus profondes de la cornée, le plus souvent sur un plan uniforme au-devant de la descemet.

C’est alors, seulement, au cours de cette période de résolution, lorsqu’il est permis d’entrevoir à nouveau l’iris, que l’on se rend compte à quel point le tractus uvéal a participé au processus.

Si on a oublié cette notion et relâché la surveillance, si on a négligé d’installer l’atrophie, on trouve le champ pupillaire bordé de synéchies.

On s’en aperçoit trop tard ; les synéchies sont solidement installées ; elle ne céderont plus que difficilement aux mydriatiques.

Peu à peu cependant, au cours des mois, la cornée s’éclaircit, tandis que l’évolution se poursuit sur le second œil.

Il faut compter 6 mois au moins, souvent près d’une année, avant que l’affection de la cornée, ayant accompli sur les deux son évolution, puisse être considérée comme éteinte.

Pendant tout ce temps, le malade vit à peu près comme un aveugle ; il ne peut plus suivre ses classes ; il vit séparé du monde extérieur.

A travers les cornées troubles, il voit les objets qui l’entourent comme s’il avait un verre dépoli devant les deux yeux.

Les reliquats

Au cours des années qui suivent, ce qui reste d’opacité tend à s’effacer progressivement.

Il persiste presque toujours cependant de petits îlots d’opacité dont la topographie caractéristique  permet le diagnostic rétrospectif de kératite interstitielle.

Les opacités sont situées exclusivement dans les couches profondes de la cornée et leur forme est déterminée par le trajet des vaisseaux qui dessinent, au travers des opacités, des fentes d’éclaircissement.

Les vaisseaux constituent le reliquat le plus durable de la kératite interstitielle.

Longtemps encore après que la kératite a évolué, ils renferment du sang circulent et l’on peut observer sur ces vaisseaux, comme dans le mésentère de la grenouille, la course des globules rouges ; à ce moment encore, un halo inflammatoire blanc borde la paroi du vaisseaux d’un double trait.

Peu à peu cependant, avec les années, les vaisseaux se réduisent à un fin tractus blanc, terne ; on observe alors à la lampe à fente, dans les couches profondes de la cornée, un enchevêtrement de tractus grêles, venus de la périphérie, vaguement orientés en sens radiaire.

Parfois, à la face profonde de la cornée, apparaît un réseau de tractus d’apparence vitreuse : ce sont les trabécules rétrocornéennes.

La face- de la cornée
La face- de la cornée

Elles font saillie dans la chambre antérieure. Ce sont les reliquats de petits amas leucocytaires déposés à la face postérieure de l’endothélium, ayant subi une transformation fibreuse, puis hylaine.

Ainsi opacité et vaisseaux constituent le reliquat indélébile d’une kératite interstitielle ayant depuis longtemps achevé son évolution.

Leur valeur sémiologique est considérable : observés, en effet, chez un sujet même très âgé, à l’occasion d’un examen optalmologique demandé par le médecin, ils permettent d’affirmer rétrospectivement la notion de syphilis congénitale.

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