Les théories ne manquent pas, qui ont tenté d’élucider le mystère de l’ophtalmie sympathique et l’expérimentation s’est efforcée de les justifier.
Il n’est pas sans intérêt d’en faire un bref exposé, pour marquer l’évolution des idées sur la pathogénie de cette affection.
Nerfs ciliaires
On s’est demandé tout d’abord par quelle voie les lésions de l’œil blessé pouvaient retenir sur l’autre œil. Mackenzie déjà se demandait si les nerfs ciliaires, les vaisseaux et surtout le nerf optique ne représentaient pas la voie de transmission qui, par réflexe, provoquait les phénomènes inflammatoires sur l’autre œil.
Sous l’influence de H. Müller, on admet que la propagation se faisait par l’intermédiaire des nerfs ciliaires, par voie réflexe, alors que Bach pensait à une propagation anatomique continue.
Nerf optique
Puis, lorsqu’on admit la nature infectieuse de l’ophtalmie sympathique, on envisagea la propagation possible par les vaisseaux, mais surtout par le nerf optique.
Les expériences de Deutschmann, par inoculation au lapin de cultures de staphylocoque, échelonnées de 1895 à 1913, semblaient montrer que les germes remontent par la voie du nerf optique jusqu’au chiasma et de là sont ramenés vers l’œil opposé par le courant lymphatique rétrograde.
Mais les animaux d’expérience succombaient à une septicémie. On admit alors que l’agent infectieux, apporté sur un œil par le traumatisme, est transporté dans la circulation générale et, par voie métastatique, se localise sur l’autre œil.
C’est ainsi qu’on fut amené à admettre, avec Berlin, que le tissu uvéal est particulièrement préparé à cette localisation métastatique par une sorte d’affinité.
C’est l’irritation ciliaire qui, créant des troubles vaso-moteurs, prépare le terrain sur l’œil du côté opposé à la blessure où les germes, introduits dans l’œil blessé, colonisent plus volontiers.
Pour Panas, l’œil sain est fragilisé par l’irritation ciliaire, mais l’infection n’est pas fatalement apportée par la blessure.
Ce sont les germes qui existent déjà dans l’organisme, à la faveur d’un foyer infectieux local, qui colonisent dans l’œil du côté opposé.
Et Moli, irritant la région ciliaire par une injection de nicotine et cultivant d’autre part sous la peau le bacille pyocyanique, a pu observer, du côté où le corps ciliaire est irrité, l’apparition de signes infectieux et, du côté opposé, l’apparition d’un trouble de l’humeur aqueuse, où il retrouve le pyocyanique.
Phénomène anaphylactique
C’est ainsi qu’Elschnig fut amené à sa conception de l’ophtalmie sympathique comme phénomène anaphylactique. Pour lui, il ne s’agit pas d’une infection microbienne.
La lésion traumatique du tractus uvéal sensibilise l’uvée des deux yeux ; celle-ci offre alors une moindre résistance vis-à-vis de toute influence morbide.
Une affection organique, une auto-intoxication, en particulier d’origine intestinale, trouve alors, dans cette supersensibilité de l’uvée, un point d’attaque ; elle aboutit ainsi à une inflammation de l’uvée des deux yeux.
Cependant, pour Meiller, cette uvéite anaphylactique, admise par Elschnig et reproduire expérimentalement par Guillery, n’a rien à voir avec l’ophtalmie sympathique.