Il faut entendre sous le terme de névrite rétrobulbaire une lésion inflammatoire, toxique située en un endroit quelconque du faisceau maculaire.
Définition
On désigne sous ce nom un tableau clinique bien caractérisé par :
- le trouble visuel, qui intéresse surtout la vision centrale ; scotome central
- l’absence d’altération ophtalmoscopiquement visible, au début du moins
- l’apparition éventuelle, généralement tardive, d’une atrophie qui intéresse le secteur temporal de la papille
- la tendance habituelle à la guérison spontanée
A ce tableau clinique correspondrait, théoriquement du moins, une lésion du nerf optique située en arrière de l’entrée des vaisseaux centraux de la rétine, dans la partie appelée improprement rétrobulbaire, d’où le terme défectueux de névrite rétrobulbaire.
En réalité, le tableau clinique traduit l’atteinte élective du faisceau maculaire peut être intéressé isolément et que, dans les formes à extension plus diffuse, le faisceau maculaire, parce que plus fragile, souffre davantage que les autres.
Rappelons que les fibres nerveuses émanées de la macula, d’abord épanouies autour d’elle dans le champ de la rétine, se rassemblent en direction de la papille en un faisceau qui occupe le secteur temporal de la papille puis, dans le nerf optique, l’axe du nerf ; il conserve sa situation axiale jusqu’au corps genouillé.
Il faut donc entendre sous le terme de névrite rétrobulbaire une lésion inflammatoire, toxique ou dégénérative, située en un endroit quelconque du faisceau maculaire ; on l’appelle parfois névrite axiale.
Étude clinique
On peut distinguer deux formes cliniques bien tranchées :
La névrite rétrobulbaire chronique, la névrite rétrobulbaire aiguë, entre les quelles s’inscrivent des formes de transition, dites névrites rétrobulbaires subaiguës.
Celles-ci répondent à des étiologies différentes qui leur impriment des nuances et un cachet particulier, dont il sera parlé plus loin.
Névrite rétrobulbaire chronique
Cette forme répond plus particulièrement à l’amblyopie toxique nicotino-alcoolique, mais elle peut s’observer dans d’autres affections.
Elle débute de façon absolument insidieuse, de sorte que le trouble visuel n’attire l’attention que lorsqu’il est déjà important.
Le sujet éprouve une gêne pour la lecture, qui va en s’accusant, alors qu’il ne ressent aucun trouble dans les actes de la vie courante.
Il vient en général réclamer des verres, ne se doutant pas de la baisse visuelle considérable qui s’est installée en l’espace de quelques mois.
L’acuité visuelle
L’acuité visuelle est très diminuée, de façon inégale pour chacun des deux yeux. Elle ne dépasse guère 2/10 e .
Les petits caractères de l’échelle semblent voilés au moment précis où le malade croit qu’il va les voir. Il incline la tête ; il tourne autour du regard, pour les voir à la faveur de la vision paramaculaire, en vision dite latéralisée.
Le scotome central
Le scotome central est bien mis en évidence, au stéréoscope, à l’aide des index colorés des cartons de Haitz.
Il est manifeste pour le vert et pour le rouge, alors que l’index blanc est encore bien vu, au début du moins.
Tracé sur le périmètre ou sur les cartons de Haitz, le scotome se dessine ovalaire à grand axe transversal. Il occupe la tache aveugle, qui est agrandie, et s’étend vers le point de fixation, qu’il déborde du côté nasal.
C’est donc un scotome paracentral ou cæco-central. Dans les cas évolués, il peut s’étendre vers le haut ou vers le bas dans ce champ temporal.
Un scotome central positif, perçu par le malade, appartient plus particulièrement, comme nous le verrons plus loin, à l’amblyopie alcoolique.