La kératite disciforme est une affection relativement rare, voisine de l’herpès et due probablement à un virus neurotrope. C’est pourquoi, bien qu’il s’agisse d’un trouble interstitiel, nous la décrivons ici.
Sommaire
Symptômes
Chez un sujet adulte, elle apparaît brusquement, annoncée par de vives douleurs, à la manière d’un ulcère de la cornée.
Elle est parfaitement carctérisée par un trouble disciforme qui occupe le voisinage du centre de la cornée. L’examen à la lampe à fente seul permet d’en préciser les caractères.
Le trouble occupe les couches interstitielles de la cornée, au voisange de la membrane de Bowman.
Il dissocie les lames, comme une lentille trouble incluse dans l’épaisseur même de la cornée, de sorte que la tranche lumineuse de la lampe à fente, rencontrant la cornée, montre que la surface est soulevée, comme soufflée par le trouble interstitiel, tandis que la couche profonde est déprimée vers la chambre antérieure.
Le trouble a une limite parfaitement circulaire, qui le sépare sans transition de la partie périphérique de la cornée œdémateuse mais demeurée transparente.
Le trouble est d’un gris blanchâtre, plus dense à la périphérie au point qu’il peut paraître annulaire.
En arrière de lui, on voit des plis de la descemet irradier de part et d’autre des limites du disque. L’épithélium cornéen est mat. La cornée est en général insensible.
Une injection ciliaire très intense entoure la cornée. Des signes d’iritis grave complètent habituellement le tableau clinique. L’iritis revêt souvent le caractère hémorragique ; des synéchies extrêmement tenaces s’installent dès que les instillations d’atrophie sont abandonnées.
L’évolution se poursuit en effet, entrecoupée de rémissions, pendant des mois accompagnée de douleurs extrêmement vives, parfois atroces. Un déséquilibres du tonus se manifeste, qui n’est pas le signe le moins caractéristique de l’affection.
Le trouble disciforme s’etend d’abord, puis régresse progressivement, comme s’il se rétractait. Le cercle périkératique s’atténue alors, les plis de la descemet s’effacent.
Des vaisseaux venus de la profondeur abordent l’opacité disciforme et l’enveloppent. Peu à peu, tout rentre dans l’ordre. Il persiste presque toujours une taie plus ou moins dense.
On dirait, au total, qu’un abcès dans les couches profondes de la cornée évolue de façon torpide, avec tendance à s’ouvrir de dedans en dehors.
En fait, les lames superficielles de la cornée sont parfois érodées et un ulcère s’installe, qui peut aboutir à la perforation et à la formation d’un staphylome ; il peut aboutir aussi à la panophtalmie.
La kératite disciforme est presque toujours une affection grave, évoluant avec des retours offensifs, qui peuvent se répéter pendant des mois.
Des récidives peuvent se faire sous forme d’herpès de la cornée.
Il existe cependant une forme torpide de kératite disciforme, qui évolue presque sans douleur. La vascularisation profonde n’apparaît qu’après plusieurs mois.
Diagnostic
Les signes de la kératite disciforme, observées à la lampe à fente, sont tout à fait caractéristiques.
Elle pourrait être confondue cependant avec une kératite interstitielle, dans sa forme annulaire décrite par Vossius, ou avec une gomme de la cornée, mais la bilatérialité de la kératite interstitielle et l’âge du malade, de même que les réactions sérologiques positives assurent fermement le diagnostic de kératite interstitielle.
Traitement
L’évolution tenace de la kératite disciforme impose une surveillance attentive. Il convient en effet d’éviter la formation de synéchies iriennes, tout en surveillant le tonus.
Des poussées d’hypertension subite peuvent obliger à interrompre les instillations d’atropine ; on voit alors s’installer, à la faveur de l’hypotonie accusée qui fait suite à l’hypertonie, des synéchies tenaces.
Le traitement est par ailleurs décevant. Il est difficile de calmer les douleurs, souvent intolérables et d’enrayer la marche de l’affection, qui est essentiellement capricieuse et souvent traînante.
L’auréomycine semble influencer favorablement l’évolution de la kératite disciforme.
La kératite disciforme peut être l’indication d’une greffe thérapeutique de la cornée.