Herpès de la cornée ; ulcère dentritique

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L’herpès de la cornée se manifeste, le plus souvent chez un adulte, par une sensation de corps étranger dans l’œil, accompagnée de vives douleurs névralgiques, de photophobie et de larmoiement.

Symptômes

L’examen à l’œil nu le plus attentif montre tout au plus une érosion limitée de l’épithélium.

Seul l’examen à la lampe a fente permet, à la faveur d’une instillation colorante au mercurochrome, de surprendre les premiers signes caractéristiques de l’herpès.

On observe d’abord une kératite ponctuée superficielle, sous forme d’une efflorescence limitée de points minuscules, qui apparaissent vivement colorés en rouge, entourés d’un halo vaporeux que la fluorescéine du mercurochrome colore en vert.

Dès le second jour, les caractères se précisent : de fines déchirures de l’épithélium réunissent entre elles les ponctuations, de sorte que l’image typique de l’herpès en étoile de mer est réalisée.

Les jours suivants, les ramifications s’accusent, dessinant une image arborescente. La sensibilité de la cornée est en général diminuée.

Évolution

L’ulcère peut demeurer limité. Le plus souvent, il progresse et tend à envahir la cornée sur une grande étendue.

De larges surfaces d’épithélium se trouvent érodées ; la cornée est alors occupée par une image qui évoque les Célèbes sur une carte de géographie.

L’ulcère évolue ainsi, accompagné de vives douleurs névralgiques, pendant 5 ou 6 semaines, puis la cicatrisation se fait, non sans laisser persister un trouble superficiel de la cornée, grisâtre, à surface tomenteuse, légèrement surélevé sur les bords, en carte de géographie.

Il arrive, mais le fait est assez rare, qu’une iritis herpétique hémorragique accompagne l’herpès de la cornée.

L' herpès de la cornée
L’ herpès de la cornée

Des récidives peuvent survenir, avec un caractère saisonnier, souvent à des années de distance.

Anatomie pathologique

L’herpès est caractérisé par la nécrose de l’épithélium, qui se détache en lambeaux sur les bords de l’ulcération, à la faveur d’une imbibition vacuolaire sous-épithéliale.

La membrane de Bowman est souvent intéressé par le processus nécrosant.

Pathogénie

Les expériences de Grüter, en 1912, ont montré que l’affection de la cornée est due à un virus filtrant, à la fois dermotrope et neurotrope.

Le produit de grattage de l’ulcère, transporté sur la cornée du lapin, par érosion de l’épithélium, provoque, après 15 ou 20 h, une lésion absolument comparable à l’herpès dendritique de l’homme.

L’inoculation dans la chambre antérieure provoque une iritis grave.

En outre, si on inocule le produit de raclage dans le cerveau du lapin, on obtient un matériel qui, par simple application sur la cornée, provoque des manifestation cérébrales, signant le caractère neurotrope du virus.

Grüter admet que des malades sont porteurs de germes, sans doute dans les fosses nasales. Il suffit d’une légère hyperhémie de la conjonctive pour que l’herpès apparaisse.

Ainsi s’expliquent les cas d’herpès apparaissant chez la femme à l’occasion de la menstruation, en même temps qu’une poussée d’herpès labial ou génial. L’hyperhémie provoquée par un traumatisme de la cornée peut être l’occasion d’un herpès.

L'hyperhémie
L’hyperhémie

Diagnostic

Presque toujours, le malade atteint l’ herpès croit avoir un corps étranger de la cornée. Seul l’examen à la lampe à fente, après coloration, permet d’éviter l’erreur de diagnostic.

Il est rare que la présence d’un herpès labial concomitant serve au diagnostic différentiel.

Le diagnostic rétrospectif est possible, grâce à la forme caractéristique du trouble cornéen.

Traitement

La notion que le virus se trouve localisé dans la partie ulcérée de la cornée donne l’espoir qu’un traitement local, appliqué à temps, peut en débarrasser la cornée.

En fait, le curetage de l’ulcère, à l’aiguille de Dupuytren, sous anesthésie rétro-bulbaire et à la faveur d’un bon éclairage, sous le contrôle de la loup de Berger, suivi d’un attouchement iodé, d’une application de pommade au rouge Bengale ou à la vaseliné boriquée et d’un pansement occlusif, amène souvent une guérison est obtenue en 2 ou 3 jours.

Les insuccès sont cependant fréquents.

Les douleurs peuvent être calmées par l’aspirine ; elle sont parfois rebelles à toute thérapeutique.

L’antergan, le dihydan, les injections de lait, l’auto-hémothérapie ne donnent que des résultats inconstants.

L’auréomycine donne parfois de beaux succès.

Dans les cas durables, la tarsorraphie est indiquée. Dans les formes graves, on peut avoir recours à la kératoplastie lamellaire.

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