Le fond d’œil dans les leucémies

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L’examen ophtalmoscopique, dans les leucémies, peut apporter des renseignements de grande valeur pour l’application du pronostic.

Les altérations rétiniennes et choroïdiennes en effet, visibles à l’ophtalmoscope, se modifient parallèlement à l’allure clinique de la maladie.

Tout malade atteint de leucémie devrait être soumis systématiquement à l’examen ophtalmoscopique, avant tout traitement et, si possible, après chaque séance d’irradiation.

La leucémie myéloïde est une affection caractérisée :

Au point de vue clinique, par une splénomégalie, en général considérable et progressive ;

Au point de vue hématologique, par l’augmentation du chiffre des leucocytes dans le sang et par le pourcentage élevé, dans la formule leucocytaire, d’éléments granuleux anormaux immatures : les myélocytes.

Les myélocytes
Les myélocytes

Elle est l’expression d’une hyperplasie générale du tissu myéloïde, atteignant la moelle osseuse et la rate.

Elle s’accompagne, dans 80 p. 100 environ des cas, de manifestations rétiniennes.

Le trouble visuel

La baisse de l’acuité visuelle est en général insignifiante et en contraste frappant avec l’importance des lésions observées au fond d’œil. L’apparition d’un scotome central est en relation avec une hémorragie de la région maculaire.

Le tableau ophtalmoscopique

Les altérations que l’on observe se passent à la fois dans la rétine et dans la choroïde.

Dans les cas bien caractérisés, que l’on observe surtout dans les formes graves des jeunes sujets, lors de la première atteinte, avant tout traitement, on se trouve en présence d’un tableau caractéristique :

Le champ de la rétine

Le champ de la rétine. Le fond d’œil est pâle. Le champ de la rétine, œdémateux, a une teinte jaune ocre terne, un aspect sablé.

Cela tient à l’anémie et aussi l’encombrement des capillaires de la rétine par le sang, pauvre en globules rouges et surchargé de leucocytes. Dans les cas extrêmes, la rétine œdémateuse est d’un blanc sale, crayeux, vaseux.

La pupille

La pupille est pâle. Ses bords sont voilés dans l’œdème rétinien ; on a peine à la découvrir.

Parfois, elle est saillante, œdémateuse, du fait de l’énorme dilatation des veines et de l’obstacle apporté aux voies lymphatiques d’écoulement.

Les vaisseaux

Les vaisseaux. Les artères sont pâles, sans reflet, effacées dans l’œdème. Elles sont parfois dilatées, mais pâles, jaunâtres.

Les veines

Les veines présentent les altérations les plus caractéristiques. Elles sont énormes, leur diamètre peut atteindre 4 à 5 fois le diamètre normal.

Elles sont encombrées, pâles, sans reflet, extrêmement tortueuses, par endroits saillantes, en relief sur la rétine ; ailleurs, elles disparaissent dans l’œdème, au point qu’elles dessinent des chaînes de saucisse. Leur aspect rappelle très justement celui de vers grouillant dans la vase.

On peut observer dans les veines, à la moindre pression, exercée sur le globe, le courant granuleux : on dirait que des grains de sable sont charriés par la veine, les veines dilatées sont enveloppées d’un halo blanc qui souligne leur profil. Ces aspect est dû à l’infiltration de la paroi par les leucocytes.

Apparition d'un courant-granuleux
Apparition d’un courant-granuleux

Un segment de veine peut apparaître blanchâtre, comme thrombosé par un amas de leucocytes.

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