Maladie infectieuse, due à la pullulation dans l’organisme de la bactéridie charbonneuse, le charbon est fréquent aux paupières.
L’inoculation est souvent professionnelle, chez les tanneurs, les mégissiers, les équarisseurs ; elle est plus souvent encore accidentelle ; on l’observe chez les paysans qui dorment le visage enveloppé dans un manteau de fourrure.
Dans le cas de charbon des paupières, les vaisseaux des paupières sont aussi les plus touchés par l’affection.
Le charbon se manifeste sous deux formes cliniques.
La pustule maligne
Dans la pustule maligne, l’inoculation se fait à la faveur d’une excoriation.
Stade de début
4 heures après l’inoculation apparaît à la paupière supérieure, au sourcil ou à la paupière inférieure, un point rouge qui ressemble à une piqûre d’insecte ; il entraîne de vives démangeaisons.
En quelques heures, il s’accompagne d’un œdème considérable des paupières.
Stade de pustule confirmée
24 heures plus tard, au lieu d’inoculation, se développe une vésicule noirâtre, gonflée de sang, entourée d’une auréole rouge vif, tuméfiée, nettement délimitée.
Stade d’escarrification
Après quelques heures, la vésicule crevée par grattage fait place à une coûte brunâtre, larcade, entourée en cocarde d’une auréole rouge vif.
Au delà,, dans l’œdème dur des paupières, se montrent des vésicules noirâtres gorgées de sang, puis d’autres vésicules perlées, à contenu séreux, roussâtre.
L’œdème considérable couvre le front, la joue, noyant le gros ganglion pré-auriculaire douloureux.
L’œdème s’étend rapidement aux paupières du côté opposé, à la joue, déformant les lèvres en groin de porc, au cou et au thorax qu’il couvre en pèlerine.
L’aspect est devenu monstrueux ; le malade ne peut ni parler ni déglutir. Seule au milieu de l’œdème qui couvre la face, la région malaire reste plane.
Dès le moment où la pustule est apparue, l’état général d’abord indemne s’altère. Le malade est inquiet, pâle, la température est encore voisine de la normale.
Mais bientôt le délire apparaît, accompagné de vomissements. La température s’élève à 40° ; elle cependant rester voisine de la normale. Le pouls est rapide, les urines sont rares.
Évolution
Dans le cas qui doivent se terminer par la mort, l’état général des plaies des paupières reste grave :
- le hoquet apparaît
- les vomissements bilieux se répètent
- la diarrhée s’installe
La dyspnée est intense, le pouls est filant, les urines sont supprimées. Le délire peut s’accompagner de crises convulsives. Localement, les vésicules confluent, formant autour de l’escarre une énorme boursouflure.
L’œdème s’étend jusqu’à l’ombilic ; des marbrures érysipélateuses se montrent à distance sur les membres.
Le malade succombe dans un état d’algidité comparable à celui du choléra. Il meurt en hypothermie, sans agonie, en pleine connaissance.
Dans les cas heureux, l’état général s’améliore après quelques jours. La température tombe brusquement ; la polyurie s’installe ; le délire cesse ; le pouls redevient normal.
Localement, l’escarre, qui s’est étendue, d’abord noire, humide, laissant suinter une sérosité roussâtre, devient noire et sèche, se déprime au centre ; la sécrétion se tarit.
Un sillon d’élimination se dessine ; les bords de l’escarre se soulèvent, se détachent sur les bords ; l’œdème diminue.
Finalement, l’escarre se détache et laisse à nu une surface rouge vif. La peau des deux paupières a disparu complètement.