Il s’agit d’une forme très grave, heureusement rare, d’abcès profond de la cornée.
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Abcès annulaire de la cornée
On peut l’observer à la suite de plaies perforantes. On le voyait autrefois, assez souvent, après l’opération de cataracte.
Dès les premiers jours après l’opération les lèvres de la plaie apparaissaient infiltrées, grisâtres ; l’infiltration progressait circulairement, aboutissant à une nécrose rapide dite fonte purulence de la cornée, qui se terminait par une panophtalmie.
On l’observe encore actuellement comme manifestation métastatique d’un état septicémique (endocardite, purpura, pneumonie, infection urineuse, fracture ouverte infectée) et dû à des germes variés ( pyocyanique, streptocoque, pneumocoque, staphylocoque).
Il peut faire partie du tableau pathologique d’une ophtalmie métastatique, due à une embolie septique dans les artères ciliaires antérieures.
On l’a reproduit expérimentalement chez le lapin. Il n’est pas dû simplement à un défaut de résistance de l’organisme, car on le voit évoluer, chez des sujets jeunes et robustes, avec la même gravité.
Il débute de façon dramatique : la cornée devient trouble, entourée d’un bourrelet chémotique. L’œil est soudé, comme dans le cas de ténonite.
Bientôt apparaît, à la périphérie de la cornée, dans les couches profondes, un cercle d’infiltration jaunâtre, séparé du limbe par 1 mm de cornée saine. Rapidement la cornée prend un aspect terne, grisâtre de papier buvard et se nécrose.
La panophtalmie s’installe. L’évolution peut se faire en 48 heures.
Le pronostic est tout à fait sombre. La mort survient le plus souvent dans les cas métastatiques.
La cautérisation ignée concentrique de la région infiltrée n’amène aucune amélioration.
Il est permis d’espérer que le traitement par les sulfamides, par la pénicillines, modifiera dans l’avenir le redoutable pronostic de l’abcès annulaire.
Mycose de la cornée
Aspergillus fumigatus
Nous avons vu plus haut que Aspergillus fumigatus peut donner lieu à un ulcère central, encore appelé ulcère sec de la cornée, évoluant avec une allure aiguë, parfois accompagné d’un hypopyon.
L’infection à Aspergillus de la cornée se présente, dans d’autres cas, simplement sous forme d’un infiltrat superficiel dense, circulaire, saillant à la surface de la cornée et abordé par un bouquet vasculaire.
Actinomycose
L’actinomycose de la cornée est rare. Nous l’avons cependant assez souvent observée, au début de cette guerre, chez des soldats cantonnés dans la paille.
Elle se présente habituellement au centre de la cornée, parfois des deux côtés, sous l’aspect d’un infiltrat superficiel discoïde, transparent, dont le bord est souligné et festonné de taches blanches plus denses.
Il aboutit à un ulcère relativement superficiel, à fond fumeux, à bords infiltrés de points blancs.
Il existe des formes graves, sans doute exceptionnelles, qui se manifestent par une infiltration diffuse des lames de la cornée.
L’excision au couteau de Desmarres, après incision circulaire au delà des bords, suffit à amener la guérison des formes habituellement observées. La streptomycine serait utilisés dans les formes graves.
Blastomycose et sporotrichose
Il existe d’autres mycoses (blastomycose et sporotrichose) qui pourraient être confondues facilement avec une lésion tuberculeuse de la cornée.
Institut par une erreur de diagnostic, nous formulerions volontiers le précepte suivant :
En présence d’un cas de diagnostic difficile, il faut penser aux mycoses de la cornée.
Un homme d’une trentaine d’années, soigné depuis 12 ans, par les dermatologistes français et étrangers, pour une prétendue tuberculose végétante de la verge, me fut adressé pour une kératite grave, accompagnée d’iritis.Sous la conjonctive voisine, une efflorescence de nodules miliaires jaunâtres rappelait les nodules miliaires que l’on observe parfois dans la tuberculose.
On ne mis pas un instant en doute la nature tuberculeuse de la verge et pensa à une mycose ; il s’agissait d’une blastomycose.
La guérison complète des lésions de la verge et des lésions oculaires dut obtenue en 3 mois.