La primo-infection tuberculeuse

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La primo-infection tuberculeuse de la conjonctive n’est pas aussi rare qu’on l’admet généralement.

Calmette, Guérin et Grysez ont montré que le bacille de Koch, introduit par instillation, peut traverser la conjonctive sans provoquer de lésion locale et cependant tuberculiser l’organisme. Par contre, s’il y a érosion de la conjonctive, une lésion locale s’installe au lieu d’inoculation.

C’est donc une infection d’origine exogène, apportée par les poussières, les crachats, le plus souvent à l’occasion d’un corps étranger de la conjonctive.

C’est pourquoi le lieu d’élection est le sillon subtarsal, dans la partie externe de la paupière supérieure :

  • on l’observe plus rarement à la paupière inférieure
  • on l’observe presque uniquement chez les enfants ou des adolescents

Symptômes

L’attention est attirée par le larmoiement, une sécrétion conjonctivale modérée, une impression de gêne. La paupière supérieure et tuméfiée. Si on la renverse, on voit saillir dans la partie externe, sur les côté du cartilage tarse ou empiétant sur la conjonctive tarsale, une excroissance rougeâtre, relativement circonscrite, souvent couverte d’un exsudat pseudo-membraneux.

L’examen à la lampe à fente montre que la surface de l’excroissance tumorale est irrégulière, tomenteuse, éversée sur les bords ; on dirait une conjonctivite folliculaire géante.

Des bouquets vasculaires régulièrement espacés traduisent l’hyperplasie papillaire. On entrevoit par transparence des nodules jaunâtres ; quelques-uns font saillie à la surface, tranchant au milieux de l’hyperplasie papillaire.

Il y a toujours un ganglion pré-auriculaire enflammé, souvent volumineux et l’on perçoit des ganglions sous-maxillaires et des ganglions échelonnés dans la région carotidienne et dans la région rétro-sterno-mastoïdienne.

Le plus souvent, le ganglion prétragéen évolue vers la suppuration.

Diagnostic

Le tableau clinique ainsi réalisé attire immédiatement l’attention sur la primo-infection tuberculeuse. En outre, la cuti-réaction est négative si le malade est observé dès les premiers jours ; elle ne devient positive qu’après quelques semaines.

La radiographie pulmonaire se montre absolument aucun signe. L’inoculation du pu prélevé par ponction du ganglion tuberculise le cobaye.

L’examen histologique de la lésion conjonctivale concourt à affirmer le diagnostic. Si elle est installée depuis quelques temps, la lésion conjonctivale n’est plus aussi caractéristique.

Le diagnostic peut être alors difficile avec la conjonctivite de Parinaud, avec la tularémie, avec une mycose ; mais l’inoculation du pus ganglionnaire permet d’affirmer le diagnostic.

Pronostic

Le pronostic est relativement favorable ; la guérison se fait en 6 à 8 semaines. Cependant, dans des cas rares, abandonnée à elle-même, l’infection peut traîner pendant des années et entraîner la perte de l’oeil.

Traitement

L’excision large de la conjonctive, emportant avec elle la lésion comme une tumeur donne, en général, un excellent résultat. Il faut avoir soin de placer un fil aux deux extrémités commissurales de la conjonctive à enlever, de façon à éviter de se servir de pinces autrement que pour saisir, en tissu sain, le lambeau de conjonctive à enlever.

On termine par un surjet au catgut, toujours possible.

Le plus souvent, la guérison est ainsi obtenue, en quelques jours. Il arrive que le ganglion ne suppure pas. S’il suppure, on le traine par transfixion à l’aide d’une grosse aiguille, chargée de quelques crins destinés au drainage.

L’infection tuberculeuse de l’organisme est installée. Un surveillance ultérieure par le phtisiologue s’impose.

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