L’atrophie optique du tabes figurait déjà dans la première description de l’ataxie locomotrice, par Duchenne de Boulogne, en 1858.
Charcot montra qu’elle set syndrome précoce. Elle peut être le premier de tous les symptômes, précédent de plusieurs années les autres manifestations.
Elle existe dans 30 % des cas de tabes ; elle est beaucoup plus fréquente dans le tabes infantile où on l’observe dans plus de 50 % des cas.
Elle apparaît 15 à 20 ans après le chancre, vers l’âge de 30 à 50 ans.
Le tableau ophtalmomscopique
L’image ophtalmoscopique de l’atrophie optique existe en général bien avant que le malade ait constaté le moindre trouble visuel de sorte que, lorsque le malade se présente pour une baisse visuelle, on se trouve en présence de l’atrophie installée, déjà bilatérale, plus accusée cependant d’un côté que de l’autre.
C’est l’atrophie simple, dite primitive de la papille. La papille, nettement délimitée, est : soit grisâtre, ardoisée, avec aspect moelle de jonc, soit,plus souvent, d’un blanc mat pur.
Les vaisseaux sont normaux. Lorsque les vaisseaux sont grêles, lorsqu’ils sont cernés d’un halo, l’atrophie est plutôt le reliquat d’une papillite ; elle appartient alors au tableau de la syphilis cérébrale.
Le trouble visuel
Le trouble visuel est sans rapport de proportion avec le degré apparent d’atrophie observé à l’ophtalmoscope.
Le malade se plaint, en général, d’une baisse visuelle progressive, parfois d’une héméralopie ; il arrive qu’il ait remarqué lui-même la dyschromatopsie pour le vert.
Un trouble visuel subit, avec quasi-cécité, a été observé.
L’examen du champ visuel
L’examen du champ visuel montre souvent une limitation du champ pour les couleurs, le rouge et le vert surtout, alors que le blanc a ses limites encore normales.
Alors qu’il existe un rétrécissement régulièrement concentrique ou en secteur, la vision centrale peut être longtemps conservée.
Toutes les formes de champ visuel peuvent s’observer. La concentration du champ peut progresser aux deux yeux de façon symétrique au point de simuler une hémianopsie.
L’évolution de l’atrophie optique est progressive ; elle conduit presque toujours à la cécité. Elle peut le faire, exceptionnellement, de façon rapide, en quelques mois ; elle peut ne le faire qu’après des dizaines d’années.
L’évolution vers la cécité se fait en moyenne en 2 ou 3 ans. Elle peut être interrompue par des accalmies, de longs stationnements, puis précipitée par des aggravations tardives rapides.
La perception de la lumière peut être conservée longtemps encore après la perte de l’acuité visuelle.
On croyait autrefois, avec Charcot et avec Benedikt, que la cécité arrête la marche du tabes. Une fois la cécité établie, la virulence du poisson syphilitique semblait épuisée.
On donne à cette forme le nom de tabes amaurotique ; elle est plus fréquente dans le tabes juvénile. On a cependant vu l’ataxie survenir des années après une cécité installée.