Dans l’altération du cristallin, la désinsertion de ses attaches zonulaires est la lésion essentielle qui caractérise la contusion directe du globe.
Elle est, dans le tableau clinique, l’image centrale autour de laquelle s’ordonnent les signes du syndrome traumatique du segment antérieur.
Sommaire
La luxation totale du cristallin
La luxation totale du cristallin est rare ; elle ne s’observe guère que si la contusion atteint un œil pathologique (myopie forte).
La luxation dans le vitré n’est pas toujours évidente d’emblée, en raison de l’hémorragie qui remplit la chambre antérieure.
Après quelques jours, l’aspect noir de jais de la pupille, l’iridodonésis, la hernie du vitré dans la chambre antérieure attirent l’attention. Le blessé voit mieux avec un verre convexe de 12 δ. On découvre, à l’examen ophtalmoscopique, le cristallin oscillant sur son équateur à la partie déclive du vitré.
La luxation dans la chambre antérieure peut se voir d’emblée complète ; parfois elle se fait progressivement. l’aspect est tout à fait caractéristique : on dirait qu’une large goutte d’huile dans la chambre antérieure, à travers laquelle l’iris reste visible. Cette luxation s’accompagne d’une forte myopie.
Après peu de temps, le cristallin s’opacifie, se rétracte, en même temps que s’installent des accidents hypertensifs.
Le cristallin peut être luxé hors du globe, sous la conjonctive. Le cristallin peut être chassé hors du globe, expulsé au dehors à travers la conjonctive déchirée.
La subluxation du cristallin
La subluxation du cristallin est la lésion la plus habituelle. Elle peut être évidente : le déplacement de la lentille est tel que le bord équatorial apparaît dans l’orifice pupillaire ; il tranche par son aspect grisâtre sur le fond rouge de la lueur pupillaire.
L’examen à la lampe à fente permet d’observer les fibres zonulaires désinsérées et des opacités cristalliniennes discrètes, limitées aux points d’arrachement.
Par la zone libre de la pupille, le vitré fait hernie dans la chambre antérieure.
La subluxation peut n’être pas évidente, mais un cortège de signes indicateurs la font soupçonner ; ce sont surtout :
L’inégalité de profondeur de la chambre antérieure ;
Le non-parallélisme des tranches lumineuses que donne la lampe à fente sur la cornée et sur la face antérieure du cristallin ; les deux tranches lumineuses ne sont plus parallèles comme elles le sont à l’état normal ;
L’iridodonésis. Ce signe est pathognomonique, mais il n’existe que dans un tiers des cas ;
Le pli semi-circulaire de l’iris ;
La hernie du vitré surtout, qui signe la rupture étendue de la zonule.
La cataracte contusive
Le trouble annulaire pigmenté
Le trouble annulaire pigmenté couvrant la cristalloïde antérieure, décrit par Vossius, est appelé parfois cataracte de Vossius.
Il représente l’empreinte, le décalque laissé par le feuillet pigmenté à la face antérieure du cristallin lorsque celui-ci, chassé d’arrière en avant par le choc en retour, a distendu le diaphragme irien.
La cataracte contusive
Elle est due vraisemblablement à l’ébranlement de la capsule cristallinienne et à une exsudation sous-capsulaire qui entraîne l’opacification locale des fibres cristalliniennes. Elle se montre sous des formes diverses.
Cataracte en soucoupe postérieure, en rosace, en étoile d’où irradie en plumes d’autruche la mince couche des fibres opalescences. Cette cataracte a tendance à s’effacer progressivement.
Cataracte en collerette, en arceaux équatoriaux. On observe au voisinage de l’équateur, avec un verre convexe de 20 δ, un dessin très élégant de traits noirs circulaires ou arqués.
On dirait le dessin des attaches zonulaires arrachées. Cette cataracte ne s’accompagne d’aucun trouble de la vision centrale. Elle accompagne souvent la cataracte en rosace.