Les inflammations chroniques de la glande lacrymale se caractérisent par leur évolution torpide.
Le malade, averti par une sensation de pesanteur de la paupière ou par le ptosis, remarque que la paupière supérieure est tuméfiée. Sous le bord osseux de l’orbite, on aperçoit la glande lacrymale indurée, à peine sensible.
Parfois, la tumeur est plus nettement perceptible dans la partie supéro-externe de la paupière, comme une petite amande, mobilisable.
Il n’y a pas d’exophtalmie, pas de limitation des mouvements du globe ; tout au plus, l’abduction et l’élévation du globe sont-elles un peu gênées.
Le diagnostic est souvent difficile. On penserait à une tumeur, n’était la bilatéralité fréquente de la dacryodénite. Souvent le diagnostic n’est tranché, après ablation de la glande, que par l’examen histologique.
L’étiologie est souvent difficile à déterminer. Les cas sont rares où la dacryoadénite chronique s’installe, comme un dacryoadénite aiguë ou inflammation aiguë de la glande lacrymale, à la suite des oreillons ou d’une fièvre éruptive, puis passe à la chronicité.
Le plus souvent, elle s’installe progressivement et ne se manifeste que lorsque la tumeur est apparente.
Certaines étiologies imposent à la dacryoadénite chronique une allure clinique particulière :
Dacryoadénite tuberculeuse
Elle s’observe sous deux forme :
La forme caséeuse
La forme caséeuse, plus fréquente chez les sujets jeunes, à antécédents tuberculeux connus. Nous l’avons vue s’accompagner de nodules tuberculeux jaunâtre de la conjonctive, comme si l’inoculation de la conjonctive s’était faite au passage des larmes, et de dacryocystite tuberculeuse.
La tuméfaction de la glande s’accompagne souvent d’adénopathie pré-auriculaire et cervicale. L’œdème, puis la rougeur des téguments, annoncent l’ouverture à la peau.
La fistulisation s’installe, provoquant parfois l’envahissement des téguments par le processus tuberculeux.
La forme scléreuse
La forme scléreuse, plus fréquente chez les sujets plus âgés, sans passé tuberculeux évident, se manifeste comme une tumeur bien circonscrite, lobulée.
Le retournement de la paupière permet de voir la tumeur bomber sous la conjonctive du cul-de-sac. Seul, l’examen histologique révèle la nature tuberculeuse de la tumeur.
Dacryoadénite syphilitique
Elle est rare. Elle peut évoluer comme une dacryoadénite subaiguë, au milieu des manifestations de la syphilis secondaire. Elle se résout sans laisser de trace, en l’espace de quelques mois.
La forme gommeuse tertiaire se manifeste avec une allure plus inflammatoire. Sous l’influence du traitement, elle peut se résoudre, laissant une induration de la glande.
Sinon, la gomme se ramollit ; les téguments prennent une teinte violacée et l’ouverture à la peau peut se faire, laissant une fistule à bords taillés à pic, par où s’écoule un liquide sirupeux, au milieu de grumeaux blanchâtres.
La fistule se tarit rapidement sous l’influence du traitement