Le traitement de la pustule maligne se résume en l’usage du sérum anti-charbonneux.
L’œdème malin
Cette forme, très rare, est caractérisée par l’absence de pustule d’inoculation. Le malade se réveille un matin avec un gonflement de la paupière.
Bientôt, une induration particulière de l’angle de l’œil apparaît, suivie d’un gonflement œdémateux des deux paupières. L’œdème est mou, bleuté, semi-transparent, tremblotant.
Aucune douleur, aucune démangeaison ne l’accompagne. L’œdème croît à vue d’œil ; il envahit la fac, le cou, le thorax, marbré de taches cyaniques.
Les phénomènes généraux sont bien plus alarmants que dans la pustule maligne. L’état typhoïde est très marqué, la température élevée, le pouls rapide, les urines rouges et rares.
Le malade tombe dans un état lipothymique : il délire tranquillement ou présente de l’œdème malin ; elle survient en hypithermie, avec des phénomènes asphyxiques et des crises convulsives.
D’autres formes cliniques peuvent être observées, où la gangrène s’étend aux paupières des deux côtés et au front. La mort peut survenir par méningite, par thrombo-phlébite orbitaire.
La mortalité, plus grande en France que dans les Pays balkaniques où le charbon est particulièrement fréquent, atteint 30 %.
Le diagnostic de la pustule maligne
Le diagnostic de la pustule maligne, à la période d’état, est en général facile : l’escarre centrale, entourée d’une auréole rouge, les vésicules noirâtres, l’œdème monstrueux, constituent un tableau caractéristique que l’on ne peut méconnaître lorsqu’on l’a une fois observé.
Mais il ne faut pas s’attendre à contempler aux paupières l’aspect caractéristique, schématique de la pustule maligne, tel qu’on l’observe dans d’autres régions où le tissus cellulaire est dense, à l’épaule par exemple.
Au début, par contre, le diagnostic est parfois très difficile. On peut croire à une piqûre d’insecte, au début d’un zona. Plus tard on peut croire à un érysipèle gangreneux.
Le diagnostic de pustule maligne se fait par prélèvement, non pas sous les lèvres de l’escarre qui fourmillent de microbes associés, mais dans les vésicules noirâtres qui entourent l’escarre.
Il est facile d’y déceler la bactéridie charbonneuse, de la cultive,, de l’inoculer au cobaye.
Traitement de la pustule maligne
Les cautérisations au thermocautère au pourtour de l’escarre, lardant la zone œdémateuse, ne sont justifiées que dans le cas où l’on ne peut pas se procurer à temps le sérum.
L’excision de la pustule maligne, dès les premières heures, est une heureuse pratique.
Le sérum doit être utilisé à hautes doses, à la fois sous-cutané et intra-veineux, et poursuivi jusqu’à la guérison.
Il ne faut pas songer à pratiquer une blépharorraphie, impossible à réaliser en raison de l’énormité de l’œdème et vouée à la nécrose (nécrose des paupières). Elle est d’ailleurs inutile, puisque le bord des paupières reste toujours indemne.
A la période de réparation, par contre, une fois les escarre tombées, la tarsorraphie est le premier temps de la réparation. Celle-ci peut être entreprise de bonne heure.
La plaie offre, contrairement à ce qu’on pourrait croire, un excellent lit pour une autoplastie.
Le choix du lambeau d’autoplastie est délicat, dans le cas où la région temporale a dû être lardée de pointes de feu.
Les mesures de prophylaxie ont considérablement transformé la fréquence des cas de charbon professionnel.