L’examen de la vision binoculaire, pour être complet, devrait comprendre, l’examen des conditions sensorielles indispensables à la vision binoculaire.
L’acuité visuelle de chaque œil, réfraction, etc., car la perte de la vision binoculaire peut résulter de l’amblyopie de l’œil.
L’examen des conditions oculo-motrices indispensables à la vision binoculaire, car le défaut de vision binoculaire peut résister d’un strabisme paralytique, d’un strabisme concomitant, d’une parésie de la convergence, etc.
L’examen des fonctions élevés de perception : pouvoir de fusion, sens stéréoscopique.
En pratique, on examine la vision binoculaire :
Dans le cas d’amblyopie unilatérale inexpliquée, dans le but de dépister la simulation ;
Dans le strabisme, en vue d’apprécier ce que l’on peut attendre des exercices orthoptiques ;
Dans le but d’éprouver les capacités mentales d’interprétation en vue d’une profession exigeant un sens stéréoscopique développé (aviation).
Les degrés de vision binoculaire
on admet, avec Worth, trois degrés dans le développement de la vision binoculaire :
La perception simultanée, faculté de percevoir les images des deux rétines, simultanément, mais par nécessairement surimposées.
La fusion, faculté de fondre mentalement les images reçues par des points correspondants des deux rétines et de les interpréter comme image unique.
La vision stéréoscopique, perception du relief, par fusion d’images reçues par des points légèrement disparates des deux rétines.
La première question qui se pose est donc : le sujet examiné jouit-il de quelque degré de vision binoculaire ?
En général, un sujet atteint de strabisme, privé de vision binoculaire, n’a pas conscience de ce défaut, à moins que la perte de la vision binoculaire soit survenue à un âge où elle était déjà établie.
Un simulateur peut se plaindre de ne pas voir d’un œil.
Les moyens d’éprouver la vision binoculaire
Nous pouvons nous rendre compte facilement, sur nous-mêmes, que nous possédons la vision binoculaire.
Il suffit de fixer un objet ou une ligne imprimée avec les deux yeux ouvertes et de refouler doucement un œil avec le doigt, hors de l’alignement.
La diplopie apparaît immédiatement si la vision binoculaire existe.
Chez l’enfant, on peut utiliser l’épreuve de physique amusante du trou dans la main. On prend un tube de carton de 2 à 3 cm de diamètre et long de 20 à 30 cm (ou tout simplement, on roule en tube une feuille de papier).
On place ce tube en lorgnette devant l’œil par exemple et l’on dit à l’enfant de regarder au loin le paysage à travers le tube.
On place alors sa main gauche ouverte, de front, le bord cubital au contact du tube. Les deux yeux étant ouverts, l’enfant, s’il a la vision binoculaire, à l’impression qu’il a un trou dans la main, à travers lequel il voit le paysage.
Si l’enfant ne voit que le paysage à travers le tube et ne voit pas sa main, c’est qu’il n’a pas la vision binoculaire.
L’œil droit seul travaille ; le gauche ne voit pas ou neutralise. S’il ne voit que la main et ne voit pas dans le champ du tube, c’est que l’œil gauche seul travaille ; le droit ne voit pas ou neutralise.
Cette expérience peut révéler d’autres défauts de la vision binoculaire.