L’essentiel sur les conjonctivites Folliculaires

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On décrit sous le nom de « conjonctivites folliculaires » toute une série d’états inflammatoires de la conjonctive qui se traduisent cliniquement par la présence, dans l’épaisseur de la conjonctive, de petites saillies exubérantes translucides.

Conjonctivites folliculaires

Leur aspect à la lampe à fente invite à les considérer comme due à l’hyperplasie du tissu lymphoïde de la conjonctive. L’examen histologique révèle que ce sont effectivement des « follicules lymphoïdes ».

Conjonctivite
Conjonctivite

A l’état normal, le chorion de la muqueuse est infiltré d’une grande quantité de lymphocytes, dispersés dans une charpente fibrillaire ténue. Ils constituent, immédiatement sous l’épithélium, au-devant de la couche fibreuse porte-vaisseaux, une véritable « couche adénoïde ».

Dans le jeune âge, les cellules sont dispersées. Plus tard, probablement sous l’influence d’irritations venues de l’extérieur, elles ont tendance à se grouper en amas, auxquels on a donné le nom de « nodules lymphatiques ».

Seule est pathologique l’hyperplasie, sous forme de « follicules lymphoïdes ».

Cette hyperplasie des follicules peut être la manifestation locale d’un état lymphatique général de l’organisme. Elle se manifeste sous la forme clinique de la « folliculose conjonctivale de l’enfant ».

Elle peut être le résultat d’inflammations venues de l’extérieur, chez des personnes sans doute prédisposées à une réaction lymphoïde. L’irritation locale peut être le fait de médicaments : « conjonctivite dite atropinique ».

Elle peut être le fait de moisissures contenues dans un collyre médicamenteux altéré. il est probable qu’un certain nombre de conjonctivites médicamenteuses, dites encore allergiques, attribuées à une prétendue sensibilité à :

  • l’atropine
  • l’ésérine
  • la pilocarpine

Alors qu’en réalité, ils sont dues à l’usage d’un collyre sale :

  • altéré par des moisissures
  • infecté de germes pathogènes

Elle peut être le fait d’agents pathogènes mal connus. La conjonctivite folliculaire se manifeste alors sous forme d’épidémies dans le milieu scolaire, dans le milieu familial. C’est une conjonctivite folliculaire contagieuse, comme le montre le cas classique d’auto-infection d’Axenfeld.

Peut-être, le Bacterium gramulosis considéré par Noguchi comme l’agent pathogène du trachome, est-il la cause d’un grand nombre de conjonctivite folliculaires, comme le laissent penser les résultats obtenus par Lindner, par inoculation du Bacterium granulosis à la conjonctive du signe.

La conjonctive des piscines est la forme la mieux connue de ces conjonctives folliculaires contagieuses. On peut se demander même si la conjonctive de Parinaud ne représente pas une forme particulière de conjonctivite folliculaire.

Les conjonctivites papillaires

L’examen bio-microscopique à la lampe à fente à révélé qu’à l’hyperplasie lymphoïde se surajoute souvent une hyperplasie papillaire, souvent très importante, par réaction de voisinage.

Les nodules saillants, que l’on voit à l’oeil nu et qui confèrent à la conjonctive un aspect velouté, ne correspondent pas seulement à des follicules lymphoïdes, mais aussi à une hyperplasie des papilles.

L’aspect bio-microscopique est caractéristique :

Le follicule est un nodule légèrement :

  • saillant
  • hémisphérique
  • translucide
  • de coloration pâle
  • d’un blanc grisâtre
  • verdâtre
  • essentiellement dépourvu de vaisseaux visibles en son centre
  • pauvrement vascularisé par des vaisseaux venus de la périphérie

La papille est une saillie :

  • « en massue »
  • translucide
  • de coloration rosée
  • essentiellement caractérisée par le bouquet vasculaire qui en occupe le centre
  • visible par transparence

L’aspect « en grain de grenade » est pathognomonique de la papille. Ainsi, certaines « prétendues conjonctivites folliculaires « devraient sans doute être rangées sous les terme de « conjonctivites papillaires ».

Il est vrai que l’hyperplasie des papilles, elle-même, n’est sans doute qu’une réaction de voisinage ; elle traduit, dans certains cas, l’inflammation diffuse du tissu adénoïde sous-jacent. En principe, il convient de réserver le terme de « conjonctivite folliculaire » à l’inflammation caractérisée par l’hypertrophie du tissu lymphoïde, sous la forme de « follicule » circonscrit.

Le Trachome

Trachome
Trachome

Mais alors, une réserve s’impose. Le trachome, à ce compte, devrait être considéré comme conjonctivite folliculaire, puisque sa caractéristique anatomique est précisément la formation de follicules.

Certains auteurs, parmi lesquels Elschnig, partisans de la théorie uniciste, n’admettent comme conjonctivites folliculaires que celles qui sont liées au lymphatisme ; ils considèrent les autres comme des « formes abortives » du trachome;

Il est difficile d’accepter cette opinion : le follicule trachomateux a une constitution anatomique toute différente, qui en fait une « néoformation » et non un « amas uniforme » de lymphocytes. Il a, d’autre part, des caractères bien tranchés, en ce sens qu’il a tendance à éclater à la moindre pression et à laisser une cicatrice.

Cliniquement enfin, le trachome est caractérisé par sa gravité, alors que la conjonctivite folliculaire est une affection essentiellement bénigne.

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