Une conjonctivite accompagne souvent l’eczéma du visage ou l’eczéma généralisé à tout le corps.
Elle était autrefois trop souvent confondue sous le nom de conjonctivite scrofuleuse avec la kératite phlycténulaire. La kérato-conjonctivite phlycténulaire est une manifestation de la primo-infection tuberculeuse.
La kérato-conjonctivite eczémateuse n’a rien à voir avec la tuberculose ; elle se manifeste souvent cependant par des apparences de phlyctènes, par des pseudo-phlyctènes.
L’étiologie
L’étiologie est obscure ; cependant un certain nombre de notions peuvent être mises en évidence :
La conjonctivite eczémateuse est souvent d’origine médicamenteuse. Elle est très souvent provoquée par la pommade à l’oxyde jaune de mercure, sans qu’il soit nécessaire de parler de sensibilité particulière.
Toutes les pommades actuelles, à base de lanoline et de vaseline, appliquées sur les paupières, sont susceptibles de provoquer une poussée d’eczéma.
Il en est de même des pansements humides, des pansements occlusifs qui entraînent une macération de la peau susceptible de rendre pathogène le staphylocoque qui existe, comme saprophyte, dans le sac conjonctival et sur la peau.
L’usage immodéré et intempestif des collyres, en particulier des collyres contenant de la cocaïne, qui fragilise l’épithélium. Les collyres utilisés à l’aide d’un compte-gouttes, qui sont toujours infectés.
L’abus des médicaments utilisés par voie interne peut être la cause d’un eczéma.
Une infection lacrymale est souvent à l’origine d’une conjonctivite eczémateuse. Une infection nasale intervient par propagation dans les voies lacrymales.
Une infection focale intervient pour créer un état de sensibilisation, d’allergie.
Un état constitutionnel : diathèse exsudative, est certainement ne cause dans la plupart des cas.
Une alimentation trop riche en hydrates de carbone, en corps gras.
Une intoxication alimentaire chronique.
L’absence d’hygiène, malpropreté des mains et du corps, défaut d’exercice musculaire, vie sédentaire ou confinée, ont une grande importante.
La syphilis, une avitaminose, des troubles endocriniens peuvent intervenir.
Plusieurs de ces facteurs interviennent sans doute. Il convient de les avoir présents à l’esprit lorsqu’il s’agit d’instituer la thérapeutique.
Symptomatologie
La conjonctivite eczémateuse est en général associée à l’eczéma du visage.
Elle se manifeste par des troubles fonctionnels très intenses :
- photophobie
- larmoiement
- blépharospasme
- vives douleurs
Localement, elle se traduit par une conjonctivite papillaire. La conjonctivite est rouge, veloutée, saignante même parfois, ou par une conjonctivite folliculaire. Conjonctivite folliculaire et conjonctivite papillaire sont souvent associées.
Elle s’accompagne souvent de blépharite, de rhagades de la commissure externe, qui aggravent le blépharospasme.
La cornée est bordée d’un bourrelet conjonctival chémotique, vascularisé, larcadé, d’apparence phlycténulaire. Ces ulcères marginaux, au voisinage de la partie supérieure du limbe, sont une manifestation caractéristique de l’eczéma.
L’examen à la lampe à fente montre que l’épithélium est trouble, exfolié. L’instillation de mercurochrome y fait apparaître un piqueté d’innombrables points rouges.
Il y a souvent une adénopathie pré-auriculaire sensible.
Le diagnostic
Le diagnostic de conjonctivite eczémateuse s’impose, en présence des lésions associées d’eczéma du visage.