Il s’agit d’une conjonctive subaiguë, due au diplocoque mis en évidence par Morax, puis par Axenfeld, en 1896.
On l’observe très fréquemment chez l’adulte, beaucoup plus rarement chez l’enfant. Elle affecterait particulièrement la population rurale, au cours des années chaudes.
Il est possible que le diplobacille soit un saprophyte de la muqueuse nasale et se propage à la conjonctive par la voie ascendante du canal lacrymo-nasal.
Au cours d’une épidémie scolaire de conjonctive, Treacher Collins trouva le diplobacille dans la sécrétion nasale.
La conjonctivite à diplobacille est contagieuse. La contagion se fait par les mains qui conservent encore le bacille virulent 30 mn après le contact et par le mouchoir que le malade porte constamment aux yeux.
Sommaire
Symptômes
L’affection atteint presque toujours les deux yeux, sans que le malade puisse indiquer, le plus souvent, la date d’apparition et les signes du début.
Il ne souffre pas mais il se plaint d’une sensation gênante de sable dans les yeux, de démangeaison. Le matin, les cils sont agglutinés. Le photophobie, insignifiante pendant le jour, est surtout accusée le soir à la lumière artificielle ; elle oblige le malade à abandonner son travail.
Bientôt s’installe, dans l’angle interne des paupières, une sécrétion spumeuse, gris jaunâtre, tenace, qui s’accumule pendant la nuit et agglutine les cils. Une rougeur livide apparaît aux deux yeux commissures, sur le bord marginal des paupières.
C’est à l’angle interne et à l’angle externe du sac conjonctival que l’hyperhémie est le plus accusée, tandis que la conjonctive bulbaire et la conjonctive tarsienne sont relativement épargnées, d’où le nom de « conjonctive angulaire » sous lequel on désignait autrefois la maladie.
Si l’on examine à la lampe à fente la partie intermarginale des paupières, autour de la caroncule ou dans l’angle externe, la peau et la conjonctive semblent « macérées » tandis que la conjonctive tarsienne montre simplement les signes d’une hyperplasie papillaire.
Anatomiquement, en effet, le phénomène capital est la macération des couches superficielles de l’épithélium, au voisinage de la marge des paupières.
Cette macération serait due à l’action dissolvante exercée sur l’albumine des tissus par un ferment, produit du diplobacille. Sur les coupes, on voit les diplobacilles foisonner dans l’épithélium, accumules sur les parois des espaces lacunaires auxquels ils ont donné lieu.
Bien que l’affection, en général, constitue plutôt une gêne, par :
- la sensation de brûlure
- les démangeaisons
- la sécrétion qu’elle provoque
Des complications peuvent cependant survenir :
- ulcères marginaux de la cornée
- ulcère central accompagné d’hypopyon
Abandonnée à elle-même, la conjonctive à diplobacilles ne tend pas vers la guérison ; elle revêt un caractère chronique ; elle dure des mois et même des années, accompagnée de formation de papille et de follicules.
Elle évolue à bas bruit, avec des récidives, des exacerbations, surtout par temps chaud. A la longue, elle peut entraîner l’ectropion de la paupière inférieure.
Diagnostics
Le diagnostic est en général facile, tellement la conjonctive angulaire, avec l’aspect eczémateux de la peau au voisinage, est caractéristique.
Dans les cas douteux, la recherche du diplobacille assurera le diagnostic.
Traitements
Le sulfate de zinc, en raison de sa propriété antitrypsique, est considéré comme le médicament spécifique de la conjonctivite à diplobacilles.
Il n’est pas bactéricide ; il agit en inhibant le ferment protéolytique sécrété par le bacille. Morax conseille l’emploi d’une solution forte, à 2,5%, en instillations, deux fois dans la journée. Le collyre à la pénicilline est également très efficace Le traitement doit être poursuivi pendant plusieurs semaines, bien au delà de la guérison apparente.
Le traitement d’entretien consiste en applications, sur la marge des paupières, d’une pommade à l’oxyde de zinc et à l’ichtyol :
- Ichtyol : 0,50g
- oxyde de zinc :2
- lanoline : 5
- vaseline : 15
Il faut éviter les bains, les lotions, les pansements occlusifs qui favorisent la macération.