Trois sortes d’anomalies du sens des couleurs

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On peut distinguer, en ordre de gravité croissante, trois sortes d’anomalies :

  • la trichromasie anormale
  • cécité partielle pour les couleurs : daltonisme
  • cécité pour toutes les couleurs : achromatopsie totale

La trichromasie anormale

Trichromasie
Trichromasie

Certains sujets, bien que trichromates, c’est-à-dire possédant la faculté de percevoir les trois couleurs fondamentales, sont cependant inaptes à une perception normale des couleurs. König les désigne sous le nom de : trichromate anormaux.

Cette anomalie a été découverte par Raleigh, à la faveur de l’étude expérimentale des « équations de couleurs », entreprise par Maxwell en 1855. Cette méthode consiste à établir, à l’aide du disque tournant de Masson, ou à l’aide de l’appareil spectral de Maxwell, une égalité d’aspect entre une couleur monochrome donnée et un mélange de deux autres couleurs convenablement choisies.

Raleigh, en 1880, pour étudier une anomalie qu’il soupçonnait, chercha à obtenir, par une mélange d’un rouge de lithium et d’un vert de thallium, une couleur semblable au jaune de sodium.

Si l’on soumet un grand nombre d’individus à cette équation de couleurs, dite « équation de Raleigh » :

  • la plupart emploient, pour obtenir le jaune la même quantité de rouge et de vert ; ce sont les individus à ses coloré normale
  • d’autres emploient plus de rouge
  • d’autres emploient davantage du vert ; ils ont un sens lumineux anormal

Si on leur montre l’équation établie par un sujet normal, il la trouvent tantôt trop rouge, tantôt trop verte par rapport au jaune.

Nagel désigne cette anomalie du sens des couleurs :

  • Protanomalie, lorsque le sujets emploient davantage de rouge
  • Deutéranomalie, ou « anomalie de Raleigh » lorsqu’ils emploient davantage de vert

Cette anomalie est assez fréquente. Elle ne peut être identifiée qu’à la faveur de l’équation de Raleigh, obtenue à l’anomaloscope.

Cependant, les sujets qui en sont atteints ont quelque peine à différencier les tons colorés. Dès que la luminosité diminue et alors qu’un sujet normal les différencie encore ils confondent :

  • le gris avec le vert
  • le violer avec le gris-vert.

Ils mettent plus de temps à distinguer le rouge du vert. Il leur faut examiner les couleurs sous un plus grand angle visuel. Le phénomène le plus remarquable est l’augmentation du contraste coloré rouge-vert.

Ils reconnaissent et nomment convenablement sous un angle visuel convenable, une série de couleurs :

  • rouge
  • vert
  • jaune
  • blanc

Mais si les couleurs sont juxtaposées :

  • le gris-brun ou le jaune, placés au contact d’un rouge-feu, leur paraissent vert
  • inversement, le gris-brun paraît rouge s’il est placé à côté d’un vert

Cécité partielle pour les couleurs : daltonisme

Par opposition à la trichromasie normale, on nonne encore « dichromasie » cette anomalie dans laquelle, un récepteur nerveux faisant défaut, il n’y a plus que deux composantes physiologiques.

Test
Test

On distingue théoriquement :

  • les protanopes, ou aveugles pour le rouge
  • les deutéranopes, ou aveugles pour le vert
  • les tritanopes, ou aveugles pour le bleu et le jaune

En réalité, protanopes et deutéranopes appartiennent à la m^me anomalie, décrite par Dalton.

La sensation rouge-vert fait défaut. On les désigne sous le nom d’aveugles rouge-vert. on a coutume d’opposer les aveugles pour le rouge aux aveugles pour le vert. Cela ne veut pas dire que les premiers ne sont pas capables de voir le rouge mais sont capables de voir le vert, et inversement lorsqu’il s’agit d’aveugles pour le vert.

En réalité, ils ont à peu près le même défaut de perception des couleurs.

Les aveugles rouge-vert ont une défaut particulier, déjà signalé par Dalton, en 1795, lorsqu’il décrivait sa propre infirmité :

  • ils ne voient pas si les cerises sont mûres
  • ils ont de la peine à découvrir les fraises sous les feuilles qui les cachent

Le spectre solaire leur apparaît divisé en deux parties par une zone étroite privée de couleur, située près de la raie F de Frauenhofer ; c’est la « zone neutre ».

La partie du spectre comprise entre la zone neutre et l’extrémité rouge du spectre donne la sensation d’une même couleur jaune ; la partie comprise entre la zone neutre et l’extrémité violette du spectre apparaît également d’un bleu unitonal.

C’est surtout vers les extrémités du spectre que les couleurs apparaissent d’un seul ton. Il n’y a plus ni violet, ni indigo, ni bleu cyanure, mais un bleu « de même ton », dont l’intensité lumineuse seule varie.

Les extrémités du spectre ainsi perçues sont dites « zones unitonales ».

Le degré de clarté est ainsi le seul critérium sur lequel le daltonien puisse compter pour reconnaître les couleurs.

C’est pourquoi, dans la vie courante, il est exposé  de multiples erreurs en présence des couleurs non saturées.

Il n’y a donc pas, entre les deux anomalies : cécité pour le rouge ou protanopie, cécité pour le vert ou deutéranopie, de différence fondamentale dans le mode de perception du monde extérieur.

La différence entre les deux types n’apparaît qu’à l’examen aux appareils spectraux :

  • chez le protanope, le maximum lumineux qui, pour le sujet normal, est situé dans le jaune, est situé dans le jaune -vert, donc déplacé vers les courtes longueurs d’onde
  • chez le deutéranope, le maximum lumineux est situé dans l’orangé, donc déplacé vers les grandes longueurs d’onde

C’est pourquoi, lorsqu’on poursuit l’examen par l’épreuve des tests colorés, on se rend compte que la différence essentielle entre les deux types de la cécité rouge-vert est dans le rapport des intensités lumineuses des couleurs confondues.

Les deux types confondent les mêmes couleurs, mais ils les confondent à des intensités lumineuses différentes, à des degrés de saturation différents :

  • l’aveugle pour le vert confond le gris avec le vert-jaune
  • l’aveugle pour le rouge confond le gris avec le vert-bleu et le rouge

l’épreuve aux tests colorés de Polack montre que :

  • l’aveugle pour le vert confond :
    • le rouge intense avec le brun claire
    • l’orangé avec le vert-jaune éclatant
  • l’aveugle pour le rouge confond le rouge vif avec un brun-vert foncé

Le classement aux test colorés de Polack montre que le type Nagel classe les couleurs d’après leur luminosité relative, comme le sujet normal; le type Dalton les classe de façon toute différente.

Il suffit de photographier les tables obtenues pour mettre en évidence cette différence.

L’examen du champ visuel montre encore que chez l’aveugle pour le vert, il n’y a aucune limitation du champ visuel pour le bleu et le jaune ; tandis que chez l’aveugle pour le rouge, le champ visuel pour le bleu et le jaune est notablement rétréci.

La cécité rouge-vert est la plus fréquente des perversions du sens chromatique ; on la rencontre chez 4% environ des individus.Les hommes, presque exclusivement, sont atteints.

Le sujet transmet l’anomalie à ses petits-fils, par l’intermédiaire de ses filles indemnes.

Achromatopsie totale ou cécité pour toutes les couleurs

Il s’agit d’une anomalie extrêmement rare, également héréditaire, que l’on observe chez les sujets issus de parents consanguins. Elle atteint les hommes trois fois plus souvent que les femmes.

Les sujets qui en sont atteints ne perçoivent ni le ton, ni la saturation des couleurs, mais seulement la luminosité.

Ils voient le monde extérieur comme nous le voyons sur un photographie orthochromatique. Presque toujours, cette anomalie est liée à une acuité visuelle très basse, ne dépassant guère 1/10ème.

Le nystagmus est constant, la photophobie également.

  • parfois l’on a signalé des altérations de la rétine, une choroïdite du pôle postérieur
  • l’anomalie se manifeste à l’éclairage diurne et la vision s’améliore à l’obscurité
  • soumis aux épreuves des tests colorés, le sujet dispose les couleurs de façon apparemment désordonnée et cependant son échantillonnage, observé à l’obscurité, montre un ruban incolore, régulièrement dégradé, comme si le »s impressions de luminosité étaient normales

L’examen aux appareils spectraux montre que le maximum lumineux est déplacé vers les courtes longueurs d’onde, vers 540 mµ.

Il existe une forme incomplète d’achromatopsie totale. Dans cette forme, l’acuité visuelle atteint souvent 3/10ème. Le sujet perçoit aisément les couleurs claires. Son anomalie est caractérisée surtout par l’insuffisance de la perception rouge-vert, par une certaine faiblesse de la perception jaune-bleu.

A l’examen spectral, le déplacement du minimum lumineux est le même que dans l’achromatopsie totale. L’examen à l’anomaloscope permet d’établir la courbe typique des équations pour l’intensité lumineuse

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