Les agnosies spatiales : situer un objet dans l’espace nous apparaît comme un acte automatique.
Seulement , lorsque cette fonction est troublée par un processus morbide, on aperçoit à quel point le concept de l’espace est d’une extrême complexité.
Pour Henschein, le caractère spatial de nos impressions visuelles serait étroitement lié à la division spatiale dans l’aire visuelle elle-même.
L’aire visuelle est un décalque de la rétine. Chaque impression visuelle, venue d’un point précis de la rétine, possède déjà une valeur localisatrice ; elle s’imprime en un point correspondant de l’aire striée.
Il y aurait ainsi un champ d’impression déployées dans l’espace, ordonnées dans l’aire visuelle, les unes à côtés des autres, nettement isolées les unes des autres.
Chacune est un point de départ vers quelques centre supérieur de coordination.
Quoi qu’il en soit du mécanisme encore discuté du sens spatial, nous prenons peu à peu connaissance de l’espace que nous pouvons atteindre du doigt, de l’espace que nous embrassons du regard et nous conservons la notion de l’espace que nous n’avons pas présentement sous nos yeux.
Nous nous le représentons comme un tout, parce que nous l’avons une fois connu. Nous nous le représentons par rapport à la conscience que nous avons de notre corps.
En clinique, les troubles de la reconnaissance spatiale se présentent sous forme de syndromes divers :
Perte de la faculté de localisation
Le sujet est incapable de situer l’objet dans l’espace, d’apprécier sa direction, son éloignement réel. Il est incapable de toucher du doigt les objets qu’il a cependant reconnus et nommés.
Il n’ a plus la représentation d’ensemble d’un objet ; il en a une vue fragmentaire. Appelé à le représenter par le dessin, il est incapable de le représenter avec une perspective ; il le dessine par fragments.
Ce trouble semble provenir d’une lésion de l’aire parastriée, en bordure de l’aire visuelle, entraînant le défaut de fusion des images.
Il s’y ajoute peut-être un déficit attentionnel tel que la limitation de l’excursion du regard.
Le regard adhère à l’objet. Si on présente au malade une lettre au centre d’un cercle ou d’un triangle, il ne voit que la lettre ; le cercle ou le triangle n’est pas perçu.
Agnosie corporelle
C’est l’incapacité pour le sujet de reconnaître les différentes parties de son propre corps.
Il est incapable de dire le nom d’une partie de son corps que l’on désigne.
Il peut être incapable de reconnaître les doigts, de désigner celui que l’on nomme, de dire le nom de celui qu’on désigne.
Il peut être incapable de distinguer sa droite de sa gauche.
Ce trouble résulte du dérèglement d’un mécanisme cortical spécifique : celui de l’image corporelle.
On l’attribue à une lésion corticale de la région pariéto-occipitale, intéressant le gyrus sigmoïde et le gyrus supra-marginalis.
Désorientation dans l’espace
La perte de l’image corporelle peut être à l’origine de la désorientation. Il y a discordance de l’image corporelle avec l’espace.
Le sujet est incapable d’agir par rapport aux choses qui figurent dans l’espace. C’est ainsi qu’il peut être incapable de se conduire dans une ville qu’il connaît cependant bien.
Si le trouble est plus profond, il est incapable même de s’orienter dans sa chambre.