Vous aurez l’occasion de connaitre l’essentiel de la conjonctivite printanière en lisant cet article.
Anatomie pathologique
L’affection est essentiellement caractérisé par une hypertrophie considérable du tissu de soutien. Des tractus conjonctifs semblent émaner des couches superficielles du fibro-cartilage tarse et s’épanouir vers la surface en saillies papillaires qui refoulent au-devant d’elles l’épithélium.
Celui-ci, extrêmement aminci à la surface plane des excroissances papillaires par laminage contre la surface du bulbe, est légèrement hypertrophié au niveau des fentes interpapillaires qu’il tapisse jusque dans les anfractuosités.
Le stroma est infiltré de :
- lymphocytes
- cellules plasmatiques
- éosinophiles
Des espaces lacunaires occupent ce feutrage et même de véritables cavités kystiques tapissées d’épithélium. Dans ces cavités se trouvent les concrétions calcaires ou grains de Trantas.
Pathogénie
La nature du catarrhe printanier et inconnue. On a invoqué l’action de la lumière, l’irritation par l’air. On l’a considéré comme une conjonctivite allergique, une sensibilité de la conjonctive aux pollens.
L’abondance des éosinophiles est invoquée en faveur de cette hypothèse.
- Pascheff l’attribue à une allergie infectieuse et au lymphatisme
- Gabrielidès en fait une maladie constitutionnelle, en relation avec l’hérédosyphilis, l’hypofonctionnement génital
Diagnostic
Le diagnostic n’offre aucune difficulté. Déjà le trouble subjectif : la démangeaison est caractéristique. On a dit : « s’il n’y a pas démangeaison, ce n’est pas le catarrhe printanier ».
L’aspect en mosaïque des végétations n’est pas moins caractéristique. Dans la sécrétion visqueuse, d’un blanc sale crémeux, on trouve des éosinophiles en abondance.
Les granulations du trachome n’ont ni la disposition, ni la consistance ferme des végétations du catarrhe printanier. Mais le trachome peut être associé à la conjonctivite printanière ; le diagnostic peut alors offrir des difficultés.
L’exubérance cornéenne du catarrhe printanier est souvent prise, par erreur, pour un épithélioma papillaire du limbe. L’aspect à la lampe à fente est cependant assez caractéristique pour mettre à l’abri d’une erreur grossière de diagnostic.
Évolution
Le catarrhe printanier ne disparaît pas complètement en hiver, mais les troubles s’accusent dans la saison chaude ; il apparaît au mois de mai, chaque année, pendant 5 ou 6 ans.
Il s’éteint spontanément vers l’âge de 20 ans, mais il y a des cas tenaces.
Traitement
Le catarrhe printanier passe pour être rebelle à toute thérapeutique. Localement, les lotions destinées à nettoyer les sécrétions apportent un soulagement.
Les instillations d’adrénaline, d’éphédrine atténuent la sensation de démangeaison. Il est bon de préserver l’oeil de l’atteinte nocive de la lumière, des poussières et du pollen, par des verres teintés, des lunettes bien fermées sur les côtés.
Des résultats favorables ont été obtenus par le chlorure de calcium en injections intraveineuses, par l’huile de foie de moue, la vitamine A, l’autohémothérapie, les antihistaminiques. L’extirpation chirurgicale des excroissances du limbe, lorsqu’elles empiètent sur la cornée, a donné de guérisons définitives.
De même, l’extirpation des végétations de la conjonctive tarsienne, lorsqu’elles sont exubérantes et menacent la cornée, avec résection limitée de la conjonctive, peut être indiquée lorsque les végétations sont groupées sur une petite surface.
Le changement de climat, au printemps, est une mesure à recommander.