Les altérations du fond d’oeil sont caractéristiques de la myopie pathologique ; lorsqu’il s’agit de myopie de conformation, le fond d’oeil peut demeurer absolument normal, même si le degré de myopie atteint 8 ou 10 dioptries.
Elles s’installent progressivement et s’aggravent en général par poussées correspondant à quelques complication.
Sommaire
Le croissant myopique ou cône
Il représente le stade initial des altérations.
Au début, on observe simplement une décoloration en croissant du bord temporal de la papille.
Peu à peu le croissant se dessine et s’étend, coiffant le bord temporal.
C’est une aire plus claire que le champ de la rétine, parcourue de vaisseaux choroïdiens clairsemés, bordée d’un peu de pigment épars ; plus tard, l’aire du croissant, dépouillée de vaisseaux, montre la teinte blanche uniforme de la sclérotique mise à nu.
Le staphylome myopique
On réserve le terme de « staphylome postérieur vrai », à une large dépression en cuvette du pôle postérieur, dont la bordure est nettement marquée par une ligne arquée et par le ressaut net que dessinent les vaisseaux en la franchissant ; on ne l’observe que rarement.
Mais on emploie communément le terme « staphylome myopique » pour désigner le croissant lorsqu’il déborde la papille de tous côtés.
C’est une large plage blanche, plus étendue dans le champ temporal, cernée d’un bord polycyclique, soulignée par endroits de pigment.
Le fond, d’un blanc tendineux, représente la sclérotique mise à nu, couverte simplement de vaisseaux choroïdiens clairsemés, de pigment dispersé.
La papille, inclinée sur le plan de la rétine que le nerf optique aborde obliquement, apparaît ovale, nettement bordée du côté nasal par une ligne arquée qui la recouvre en partie, comme si la rétine était attirée (super-traction nasale), tandis que les vaisseaux temporaux ont un trajet rectiligne tendu.
En présence du staphylome, on a l’impression, qui répond à la réalité anatomique, que la rétine est entraînée vers la partie distendue du pôle postérieur.
Au delà du staphylome, le fond d’oeil, surtout dans le champ temporal, a une teinte plus claire ; les vaisseaux de la choroïde apparaissent, quelques-uns anormalement larges, espacés.
Dans les cas évolués, le staphylome peut se montrer sous des aspects très divers où l’on reconnaît, à certains signes, les désordres qui se sont installés au cours des années, mais dont il est rarement donné d’observer les phases évolutives.
Le staphylome est souvent alors très étendu : il déborde largement la région maculaire et même des plages blanche circulaires, isolées, se voient au delà du staphylome.
Le fond peut être d’un blanc tendineux, couvert par places des pigment ; des vaisseaux choroïdiens sclérosés traversent le champ du staphylome.
La macula est complètement effacée ; souvent la région maculaire est couverte d’un amas de pigment noir (tache noire de Fuchs) ou verdâtre.
Cet aspect du staphylome est l’aboutissement des altérations qui ont atteint, par poussées successives, la région maculaire.
Ces altérations constituent la choroïde myopique.
La choroïdite myopique
La choroïdite myopique est, en effet, la manifestation évolutive la plus caractéristique de la myopie maladie.
Si le malade est bien observé, on peut assister, au cours des années, bien avant que la macula soit effacée dans l’aire du staphylome, aux phases évolutives de la choroïdite : dans un champ de rétine encore bien coloré, à l’occasion d’une baisse visuelle subitement accusée par le malade, on constate simplement que la macula est trouble ; assez souvent on constate la présence d’une hémorragie et, l’hémorragie une fois dissipée, on s’aperçoit qu’une vergeture s’est installée en cet endroit, comme si la lame vitrée de la choroïde était interrompue par une déchirure.
Ainsi s’installent peu à peu à peu, dans la région maculaire, les figures en éclairs si caractéristiques de la choroïdite myopique.
Dans d’autres cas, on observe des flaques hémorragiques rangées en pétales autour d’un centre trouble et, l’hémorragie une fois dissipée, on voit la migration de pigment entraînée par l’hémorragie se concentrant en formant la tache noire de Fuchs.
Ainsi, à la faveur de poussées auxquelles il n’est pas toujours donné d’assister, la région maculaire subit une dégénérescence progressive et se fond dans l’aire du staphylome.
La vision baisse progressivement, aggravée à chaque poussée ; finalement il arrive que la vision centrale soit définitivement perdue.
Le trouble du vitréLes troubles du vitré avec le corps flottants, ne sont qu’une manifestation des lésions de la choroïde.Le malade se plaint d’abord de mouches volantes, et un examen ophtalmoscopique attentif permet de découvrir des découvrir des traînées arachnéennes dispersées dans le vitré.
Plus tard, le corps flottants entraînent un trouble visuel gênant dont le malade finit par s’accommoder, car les corps flottant persistent pendant des années, dans un vitré devenu fluide.
La subluxation du cristallin
La subluxation du cristallin n’est pas rare ; elle est elle-même la conséquence des altérations de la choroïde.On la découvre un beau jour, décelée par le tremblotement de l’iris (iridodonésis).
La cataracte
La cataracte coronaire, le cataracte corticale postérieure et la cataracte dite choroïdienne sont les formes habituellement observées chez les myopes.
La cataracte noire
La cataracte noire s’observe le plus souvent sur les yeux atteints de myopie forte.
Le décollement de la rétine
Le décollement de la rétine enfin est la complication la plus redoutée du malade, parce qu’elle se manifeste de façon plus dramatique.
Il n’est pas l’apanage de la myopie forte et se montre souvent sur l’oeil le moins myope ; il ne témoigne pas moins des altérations dégénératives qui aboutissent à la fragilité de la rétine.
Caractérisée par les altérations du fond d’oeil et par les complications évolutives, la myopie pathologique apparaît ainsi comme une affection grave ; elle est susceptible de s’aggraver à tout âge ; elle expose à des redoutables complications ; elle menace gravement la vision.