La lipémie de la rétine annonce l’apparition prochaine du coma diabétique et invite à mettre en jeu sans retard la cure d’insuline.
L’aspect ophtalmoscopique est très particulier. Sur le champ de la rétine, d’un rose pâle, artères et veines, anormalement dilatées, apparaissent identiques, sous forme de tractus blanchâtres.
Cet aspect est dû à un trouble de la composition du sang : la colonne sanguine est de teinte blanche, lactescente. C’est là une manifestation locale de la lipémie et de l’acidose. La fonction de la rétine reste normale.
Diagnostic
L’image de la rétinite centrale ponctuée est caractéristique du diabète. A elle seule, elle suffit à attirer l’attention sur un diabète méconnu.
Il en est de même des hémorragies ponctuées denses entremêlées de foyers blancs discrets, nettement circonscrits que l’on peut observer dans les parties centrale ou périphérique de la rétine.
Par contre, le tableau ophtalmoscopique, dans bien des cas, est très difficile à interpréter.
Il est bon de savoir, pour le diagnostic différentiel, que la papille, souvent œdémateuse dans la rétinite néphrétique, est presque toujours normale dans la rétinite diabétique.
Pathogénie
Nous avons envisagé, chemin faisant, les différentes pathogénies invoquées pour expliquer la rétinopathie diabétique et nous avons marqué l’extrême diversité du tableau ophtalmoscopique.
Il est certain que nous observons actuellement des rétinites diabétiques dont le tableau ophtalmoscopique n’était pas connu autrefois.
On dirait que l’insuline, en permettant au diabétique de vivre, a permis l’apparition d’une rétinite diabétique caractérisée par les altérations vasculaires.
Les altérations vasculaires, qui existent sur la rétine comme partout ailleurs dans l’organisme, dominent l’anatomie pathologique de la rétinite diabétique. Elles portent sur tout le système vasculaire :
- artère
- veines
- capillaires
Elles sont visibles à l’ophtalmoscope.
Artères
L’endartère est épaissie, facile de blocs de cholestérine. On a vu, chez une fillette de 14 ans, les artères transformées en cordons blancs, par infiltration de leur paroi.
Veines
Les altérations des veines sont plus évidentes. Les veines sont ectasiées, moniliformes, infiltrées de cellules granulo-graisseuses.
Cette infiltration se voit à l’ophtalmoscope sous forme d’angainements cristallins, de sacs anévrysmatiques. La paroi veineuse est devenue perméable et l’on peut voir le sang filtrer à travers la paroi.
Capillaires
Les capillaires sont le siège d’anévrysmes sacculaires. On les voit proliférer sous forme de bouquets qui conduisent à des hémorragies.
L’insuline n’empêche pas l’apparition de ces altérations vasculaires. Elle n’a aucune action sur la rétinite diabétique une fois installée.
L’origine des altérations vasculaires doit être recherchée dans la déficience d’un facteur lipotrope d’origine pancréatique.
Normalement, une hormone lipocaïc règle la répartition et l’utilisation des lipides dans l’organisme. Sa carence favorisent le dépôt de lipides dans la paroi des vaisseaux.