La névrite rétro-bulbaire est la manifestation la plus fréquente. Elle peut se manifester sous forme de névrite rétro-bulbaire aiguë.
Névrite rétro-bulbaire aiguë
Elle n’est pas aussi rare qu’on l’admet habituellement puisque Adie l’aurait observée dans 41 cas sur 118 de sclérose en plaques ; elle est en tout cas très caractéristique de la sclérose en plaques.
L’acuité visuelle tombe si vote que le malade déclare qu’il est devenu aveugle subitement.
Souvent, des douleurs ont précédé le trouble visuel et persistent encore lors de l’examen. Ce sont des douleurs caractéristiques : rétro-oculaires, orbitaires, irradiées à la tempe, exagérées par les mouvements des yeux, par la compression de l’œil dans l’orbite.
L’examen montre : soit un scotome central absolu (exceptionnellement relatif) limité aux couleurs, avec rétrécissement du champ visuel des couleurs ;
Soit un scotome central géant, couvrant tout le champ visuel (il y a alors amaurose, avec réaction pupillaire abolie).
Après quelques jours, le scotome se rétrécit ; d’absolu, il devient relatif pour les couleurs ; il se déplace du côté temporal, libérant la vision centrale, qu’il peut entourer sous forme de scotome réniforme.
La vision centrale est conservé en îlots. Parfois, c’est un scotome hémianopsie, mais la baisse visuelle montre que le champ opposé n’est pas indemne.
A l’examen ophtalmoscopique, la pupille est hyperhémiée, parfois œdémateuse ; il y a papillite.
On pourrait croire à une neuro-myéline optique. Après quelques semaines, on voit apparaître la décoloration de la papille dans le secteur temporal. Il est rare que la papille soit normale.
Cette forme de névrite rétro-bulbaire aiguë est le plus souvent unilatérale ; nous l’avons observée bilatérale.
Elle a tendance à guérir spontanément. Même si l’amaurose est totale au début, l’acuité visuelle revient ; il reste cependant souvent un scotome relatif pour les couleurs.
Névrite rétro-bulbaire subaiguë
Il s’agit alors d’un scotome central absolu ou relatif, le plus souvent alors pour le vert et pour le rouge (dyschromatopsie centrale).
L’acuité visuelle centrale est tombée ) 1/8e, 1/10e.
Le champ visuel périphérique est indemne.
A l’ophtalmoscope, le fond d’œil est normal.
Ce n’est que tardivement que l’on voit apparaître la décoloration du secteur temporal, plus rarement l’atrophie.
La névrite rétro-bulbaire s’améliore et guérit spontanément. Les récidives sont fréquentes, intercalées de périodes de rémissions.
Un grand nombre de névrites rétro-bulbaires, considérées comme d’origine sinusale, sont en réalité le première manifestation d’une sclérose en plaques qui ne se révélera que 10 ou 15 ans plus tard.
Dans 40 % des cas de sclérose en plaques, c’est le trouble visuel qui a été le premier signe.
Chez les jeunes et chez les enfants, la névrite rétro-bulbaire est presque toujours le premier signe.
Champ visuel
D’autres déficits peuvent être observés dans le champ visuel.
C’est ainsi que le junction scotoma de Traquair traduit l’atteinte du nerf optique au voisinage du chiasma, le scotome en trois quadrants traduit l’atteinte du chiasma.
Il en est de même du scotome central bitemporal observé par Oloff.
En l’absence d’autres symptômes de sclérose en plaques, l’attention pourrait être attirée vers une tumeur cérébrale.
Il n’est pas rare d’observer un rétrécissement concentrique du champ visuel, variable d’un examen à l’autre, au point que l’on pourrait penser à l’hystérie.
On considère le rétrécissement concentrique comme une manifestation de fatigabilité du malade.