Les plaies à l’entrée de l’orbite, sont des blessures d’autant plus redoutables que les désordres restent souvent insoupçonnés.
Sommaire
Plaies par instruments piquants ou tranchants
Dans un cas qu’on a observé, un coup de couteau, frappé dans la région temporale, au cours d’une rixe, resté méconnu du blessé lui-même, avait sectionné le nerf optique et le moteur oculaire externe.
La fracture de l’orbite et la plaie de l’orbite ne sont pas les mêmes. La plaie est d’une blessure. La plaie d’entrée est insignifiante, vite renfermée et inapparente. Le globe oculaire échappe au passage du corps vulnérant ; il ne présente pas de désordre apparent.
On croit trop souvent à une blessure superficielle. Les désordres anatomiques sont cependant le plus souvent considérables.
Ou bien le plafond de l’orbite a résisté et l’instrument a dévié vers le canal optique ou la fente sphénoïdale, blessant le nerf optique, les nerfs et les vaisseaux.

Ou bien la mince lame osseuse du plafond de l’orbite a été perforée. L’instrument a pu pénétrer dans la fosse cérébrale moyenne, blessant le pédoncule cérébral ou même la protubérance.
Dès les premiers jours apparaissent en général les signes d’une méningo-encéphalite mortelle.
Si l’instrument a perforé la paroi interne de l’orbite à travers la lame papyracée de l’ethmoïde, l’épistaxis, parfois l’emphysème de l’orbite sont les symptômes révélateurs.
Si les signes de méningite n’apparaissent pas, il peut persister une fistule méningée, avec écoulement persistant de liquide céphalo-rachidien par le nez. La mort survient après quelques mois par méningite, parfois foudroyante.
Un exophtalmos pulsatile tardif peut être la conséquence d’une blessure de la carotide dans le sinus caverneux.
Les plaies par coup de fourche méritent une mention spéciale, par le risque de tétanos auquel elles exposent.
Plaies par instruments contondants
Coup de corne, tige de parapluie, queue de billard, tuyau de pipe, chute sur l’angle d’un meuble. Elles sont caractérisées par :
Les graves désordres qu’elles provoquent sur l’œil lui-même ou sur les muscles et sur les parties molles de l’orbite ;
L’infection, souvent entretenue, même après guérison apparente, par la présence d’un corps étranger insoupçonné.
Plaies par coup de feu, par explosion
Les plaies par coup de fusil de chasse ou de guerre, par éclats de grenade, par explosion de mine, par éclatement de fusil, entraînant en général de très graves désordres du côté de l’œil et des parties molles de l’orbite.
Elles entraînent avec elles des :
- fragments de pierre
- esquilles
- fragments de bois.
Elles se manifestent le plus souvent par un hématome considérables, avec protrusion du globe.
Les plaies de la tempe par balle de revolver sont caractérisées par les lésions vasculaires.
Cependant, des plaies pénétrantes de l’orbite par éclat d’obus ou de grenade, par plomb de chasse, peuvent ne donner lieu qu’à des signes cliniques insignifiantes et demeurer méconnues.
Traitement
Les plaies par instruments piquants imposent le repos au lit et commandent une surveillance médicale attentive.
L’indication d’intervenir chirurgicalement peut se présenter du fait des complications.
Les plaies contuses doivent être immédiatement l’objet d’une exploration chirurgicale, destinée à nettoyer le foyer de contusion des corps étrangers qui l’encombrent, à traiter les désordres du côté du globe ou des muscles.
Après quoi, les paupières peuvent être restaurées, les téguments partiellement suturés autour d’une mèche de drainage.
Les graves plaies par coup de feu, lorsque, par exemple, l’orbite est criblée de plombs, exigent une orbitotomie large qui, seule, permet une exploration chirurgicale convenable des désordres et l’extraction de tous les corps étrangers. Il faut laisser la plaie opératoire largement drainée.

En règle générale, il faut toujours soupçonner la pénétration possible dans la fosse cérébrale moyenne et s’assurer par une exploration extra-périostée de l’intégrité de la paroi osseuse.
En principe, toute plaie de l’orbite commande une injection de sérum antitétanique.