Ulcères de la cornée

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Processus anatomique. Évolution et complication.


L’ulcère de la cornée, quel que soit le micro-organisme en cause, résulte le plus souvent d’une infection exogène, installée dans la cornée à la faveur d’une éraillure souvent minime de l’épithélium.

Ulcère de la cornée
Ulcère de la cornée

Aussitôt qu’elle a pris pied sur la cornée, l’infection déclanche un processus de défense auquel prennent part les cellules migratrices et, pour une part plus modestes, les cellules fixes de la cornée.

Le processus de défense aboutit ainsi à la formation d’un infiltrat. Celui-ci est formé de leucocytes rassemblés en essaim, au lieu d’agression.

Il est composé de grands mononucléaires, de petits lymphocytes, de cellules plasmatiques.

L’infiltrat est bien observable à la lampe à fente :

  • c’est un foyer discoïde
  • d’un blanc lumineux
  • inclus dans les lames superficielles de la cornée

Au-devant de lui, l’épithélium, soulevé en dôme, est parfois intact ; le plus souvent, il est visiblement érodé par le traumatisme causal et il se colore au mercurochrome.

Les limites de l’infiltrat sont un peu floues. Tout autour de lui, le parenchyme est œdémateux, légèrement trouble, poudreux.

On observe, dans la profondeur des plis de la descemet, l’endothélium postérieur est tapissé d’une poussière de très fins précipités.

A ce stade, l’infiltrat peut se résorber ; les phénomènes inflammatoires s’apaisent alors et tout rentre dans l’ordre.

Si, par contre, le tissu cornéen se nécrose, l’infiltration devient progressive ; elle donne lieu à une kératite suppurative, mais pas à la kératite disciforme à un abcès de la cornée.

L’abcès s’évacue en surface ; il en résulte un ulcère de la cornée.

Le processus, à peu près identique dans toutes les formes d’ulcère, mais plus schématique dans l’ulcère dit à hypopyon, évolue en plusieurs stades :

Stade d’infiltration progressive

Il y a infiltration et nécrose des lames superficielles de la cornée. L’épithélium est détruit et s’élimine. La membrane de Bowman peut résister un certain se rassemble.

Le tissu nécrosé est alors éliminé, laissant une perte de substance.

Les lèvres de l’ulcère font saillie, grisâtres, par suite du gonflement des lamelles sous-jacentes entre lesquelles s’infiltrent les amas leucocytaires.

La zone d’infiltration progresse, peut s’étendre ainsi une distance considérable autour de l’ulcère en minant, en sapant pour l’épithélium ; elle s’étend également en profondeur.

Stade d’ulcération

A ce stade, le fond de l’ulcère est tomenteux et l’aire qui l’environne est grisâtre, infiltrée, œdémateuse.

Une hyperhémie intense du réseau vasculaire du limbe traduit la participation des vaisseaux dilatés au processus de défense.

Le cercle périkératique est aussi le témoignage de la part que le corps ciliaire et l’iris prennent au processus.

Le cercle perikératique
Le cercle perikératique

Des exsudats se condensent en un hypopyon, accompagnement habituel de l’ulcère progressif de la cornée. L’hypoypon disparaît au moment où le processus s’achemine vers la guérison.

A ce stade d’ulcération active, l’infiltration progresse dans les directions :

Superficiellement, de nouvelles zones de la cornée deviennent infiltrées et se nécrosent, jusqu’à ce que, dans bien des cas, une nécrose de tout le tissu cornéen s’ensuive.

En profondeur, l’infiltration progresse jusqu’à ce que la membrane de Descemet soit atteinte, qui va résister encore quelque temps.

Stade de régression

Dans la majorité des cas cependant, le mécanisme de défense se rend maître de l’infiltration envahissante et une ligne de démarcation apparaît dans le processus nécrotique.

Le fond de l’ulcère se déterge, les lèvres ne sont plus infiltrées, les bords deviennent lisses et unis, relativement transparents.

Une vascularisation superficielle prend naissance au limbe et s’achemine vers le bords de l’ulcère.

Stade de cicatrisation

La cicatrisation se fait à la fois par les cellules fixes de la cornée et par l’apport conjonctif venu des cellules endothéliales des vaisseaux néoformé.

L’organisation conjonctive refoule à sa place l’épithélium régénéré ; il en résulte une facette irrégulière, déprimée, plus ou moins opaque : un taie.

Telle est l’évolution anatomique schématique de l’ulcère de la cornée en général, de ce qu’on pourrait appeler l’ulcère simple, dans les cas favorables, qui n’aboutissent pas à la perforation de la cornée.

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