Traitement du trachome

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Les mesures de prophylaxie, évidemment recommandables, semblent illusoires dans les conditions de misère et de promiscuité où se développe le trachome.

Quant au traitement du trachome lui-même, il exige, de la part du médecin, beaucoup de patience et d’abnégation.

Le traitement est décevant en raison de la négligence du malade. Trop souvent, dans nos services hospitaliers, où cependant les conditions d’installation devraient permettre de conduire le traitement de façon parfaite, le médecin rebuté en arrive à confier le malade à un auxiliaire sans compétence;

Or, le traitement du trachome ne doit pas être un traitement de routine. Un traitement intempestif ou mal conduit aboutit à provoquer une hyperplasie papillaire et une réaction cicatricielle de la conjonctive, mais il ne guérit pas le trachome.

La guérison du trachome dépend bien moins des médicaments employés que du soin et de l’intelligence apportés au traitement.

L’examen à la lampe à fente, avant toute intervention, est indispensable ; il permet seul le repérage des follicules résiduels qui persistent après les premiers frottages et de les atteindre sans traumatiser l’ensemble de la muqueuse. Ceci dit, nous pouvons affirmer que le trachome, bien traité dès le début, guérit complètement dans un délai de quelques semaines ou de quelques mois.

Le traitement général

Le traitement général, dont il convient de se préoccuper, est cependant au second plan. Il faut, avant tout, retenir l’utilité d’un traitement antisyphilitique, si les réactions sérologiques sont positives ; il favorise l’efficacité du traitement local.

Le traitement par les sulfamides, qui a joui ces dernières années d’une vogue extraordinaire et a été l’objet, en Allemagne, d’un referendum, n’a pas justifié la confiance que l’on avait en lui. Il peut cependant être mis en jeu.

Le traitement local

Le traitement local varie suivant l’allure clinique de l’affection.

Au cours des poussées aiguës

Dues à une infection associée, il convient de s’abstenir de tout traitement chirurgical.

Lunettes
Lunettes
  • les grands lavages, les instillations de nitrate d’argent à 1% ou 2% ont pour but de tarir les sécrétions et d’éliminer l’infection associée
  • le port de verres teintés est un excellent mode de protection surtout parce qu’il avertit le malade de ne pas porter les doigts aux yeux

Trachome pur

Le traitement du trachome pur au début ou au stade de trachome floride doit être conduit activement mais avec douleur, avec le souci de ne pas traumatiser la muqueuse. Le hersage, les scarifications, méthodes désuètes et abandonnées, mais aussi le frottage aveugle systématique sont des manœuvres brutales qui devraient être proscrites.

Toutes les autres méthodes de traitement habituellement employées sont bonnes, pourvu qu’elles soient judicieusement appliquées. Voici la règle de conduite que nous suivons, dans une clinique où les malades peuvent être soignés dans les conditions idéales :

L’examen préalable à la lampe à fente permet de relever, avant toute intervention locale, un schéma de la topographie des lésions et de décider de la conduite à tenir. En présence d’un trachome floride, observé pour la première fois, on peut, si rien ne s’y occupe, traiter les deux yeux dans la même séance ou à 8 jours d’intervalle.

Après instillation de cocaïne, il faut avoir recours à l’anesthésie régionale :

  • la paupière supérieure étant éversée à l’aide du releveur de Terson
  • on injecte sous la conjonctive
  • immédiatement à la limite supérieure du cartilage tarse
  • 0,5 cm3 d’une solution de scurocaïne à 4%

L’injection étale la muqueuse et met en évidence les granulations. Lavage de la conjonctive au sérum physiologique. La paupière supérieure est alors saisie à la pince de Petit, qui permet une éversion complète.

A toutes les méthodes d’expression des granulations, si excellentes qu’elles soient, nous préférons le curettage à l’aide d’une fine curette à granulations trachomateuses, spécialement conçue qui, promenée avec douceur, à l’avantage de ne pas altérer la muqueuse et de ne pénétrer que dans les points où siègent les granulations.

Il s’agit d’un évacuation à la curette bien plus que d’un véritable curettage. Ceci fait, on termine par un frottage, qui réalise en même temps le massage de la conjonctive.

A l’aide d’un tampon d’ouate un peu ferme, saupoudré d’acide borique et imbibé d’une solution de sulfate de cuivre à 5%, on frotte « avec une douce énergie » la conjonctive étalée ; un piqueté hémorragique se montre d’abord à la surface, puis la conjonctive apparaît lisse.

Du côté de la cornée, s’il existe des follicules rangés le long du limbe, on les vide en promenant doucement la curette et l’on termine par une instillation sous la conjonctive, au voisinage du limbe, d’une ou deux gouttes de cyanure HG à 1/3000.

On termine par un lavage de la conjonctive au sérum physiologique et l’introduction dans le culs-de-sac d’une pommade au campho-cuivre.

L’instillation d’une goutte d’atropine peut être indiquée dans le cas où l’on prévoit une réaction un peu vive. Un bandeau est appliqué. Le pansement est renouvelé le lendemain puis laissé en place encore 2 ou 3 jours.

Le sulfate de cuivre est en quelques sorte spécifique du trachome. Son emploi sous forme de crayon est rarement indiqué.

D’autre médicaments ont été utilisés :

  • l’acide phénique à 5/1000
  • le tannin
  • le sublimé
  • l’huile de Cholmoogra

Après une quinzaine de jours, lorsque toute réaction inflammatoire a complètement disparu, on peut envisager d’entreprendre, après examen à la lampe à fente, une seconde séance de traitement.

Dans l’intervalle, on a recours aux instillations quotidiennes de :

  • sulfate de cuivre, en solution aqueuse ou glycérinée à 2%
  • pommade au campho-cuivre

Le malade est examiné régulièrement tous les 15 jours à la lampe à fente et, tant qu’il persiste des granulations visibles, le traitement est poursuivi comme dans la première séance, en ayant soin de ne pas cureter ou irriter par le frottage les formations papillaires ; celles-ci crient sous la curette tandis que la curette pénètre d’elle-même dans la granulation.

Il arrive d’ailleurs que, dès la première séance de traitement, toutes les granulations aient été atteintes par le curettage. On n’en examine pas moins le malade, tous les 15 j. à la lampe à fente, pour surpendre une granulation résiduelle, et ceci pendant 3 mois, mais on ne fait d’autre traitement que des instillations espacées de sulfate de cuivre. On peut voir un trachome floride définitivement guéri après une seule séance de curettage.

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