Mécanisme, amplitude et parcours de l’accommodation

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L’oeil humain possède la faculté d’adapter son foyer de façon à voir toujours nettement des objets placés à des distances différentes.

La mise au point est assurée par le mécanisme de l’accommodation.

L’accommodation est due aux modifications de courbure que subit le cristallin sous l’influence de la contraction du muscle ciliaire.

L’oeil augmente ainsi sa réfraction.

Lorsque l’oeil emmétrope est au repos, en état de réfraction statique, les rayons parallèles venus de l’infini (d’un objet éloigné) sont rassemblés en un foyer situé sur le plan de la rétine.

L’objet éloigné est vu distinct, sans effort.

En cette situation de réfraction statique, les rayons venus d’un objet rapproché (d’un point F) atteignent l’oeil en divergeant.

Ils sont rassemblés en un faisceau convergent dont le foyer, dit « foyer conjugué ».

F’ est situé en arrière de la rétine.

Les objets rapprochés sont donc vus indistincts.

Si l’oeil est sollicité pour la vision d’un objet rapproché, son pouvoir réfringent est augmenté par l’accommodation.

Les rayons divergents venus de cet objet sont réunis cette fois sur le plan de la rétine ; l’objet est vu net.

Par contre en cette situation de réfraction dynamique, les rayons parallèles venus d’un objet éloigné forment leur foyer en avant de la rétine et atteignent le plan de la rétine sous forme d’un faisceau divergent.

Les objets éloignés sont vus flous.

Ainsi, l’oeil ne peut être adapté en même temps pour 2 distances différentes.

Il peut modifier sa réfraction statique en augmentant son pouvoir réfringent.

Mais il ne peut pas modifier sa réfraction statique en diminuant son pouvoir réfringent ; c’est ainsi que le myope ne peut pas voir, sans l’aide de lunettes, au delà de son punctum remotum.

Mécanisme de l’accommodatation

L’accommodation résulte essentiellement de l’augmentation de courbure que subit le cristallin sous l’influence de la contraction du muscle ciliaire.

La substance du cristallin, chez le sujet jeune, jouit d’une grande plasticité : la forme du cristallin est modelable.

Le mécanisme de l’accommodation n’est pas encore parfaitement élucidé ; certains points sont encore discutés.

Helmholtz (1847)

Helmholtz (1847) admet qu’à l’état de repos de l’oeil, dans la vision au loin, la zonule est tendue; elle imprime au cristallin une forme aplatie.

Dans l’accommodation, sous l’influence de la contraction du muscle ciliaire qui attire en avant la partie postérieur du corps ciliaire, les fibres de la zonule se relâche.

Le cristallin est amené en avant ; n’étant plus comprimé, il prend la forme globuleuse que lui donne son élasticité normale.

Tscherning (1894)

Pour Tscherning au contraire, à l’état de repos de l’oeil, le cristallin est à l’aide.

Dans l’accommodation, sous l’influence de la contraction du muscle ciliaire, la zonule se tend, en même temps que le corps ciliaire est attiré en avant.

Par suite de la pression exercée sur la capsule, les parties périphériques du cristallin, plus molles, s’aplatissent, tandis que le contre bombe.

La théorie d’Helmholtz est généralement admise.

Guillstrand (1909-1912)

Guillstrand à particulièrement étudié le modelage qui se passe dans la substance du cristallin et en augmente l’indice de réfraction :

  • le cristallin devient plus épais
  • la face postérieure se modifie peu
  • la face antérieure, voisinage du pôle antérieur, accentue sa courbure et bombe en avant ; le rayon de courbure passe de 10 mm à 6 mm
  • la partie équatoriale du cristallin s’aplatit
  • l’indice de réfraction du cristallin passe de 19 à 33 et le pouvoir total de réfraction de l’oeil passe de 59 à 70

La vision et l’accommodation

L’accommodation modifie la réfraction de l’oeil suivant la distance de l’objet, de façon que l’image vienne toujours se faire exactement sur la rétine ; elle met au point, elle « focalise ».

L’objet peut se rapprocher de l’oeil, dans de certaines limites, sans que la vision se trouble.

  • s’il est situé à 5 m de distance, l’accommodation n’a pas à intervenir ; l’oeil demeure à l’état de réfraction statique, à peu près comme si l’objet était situé à l’infini , il voit l’objet distinctement, sans effort
  • si l’objet est approché à 1 m, le foyer conjugué F’ est situé au delà du plan de la rétine ; l’oeil doit accommoder de 1 dioptries
  • si l’objet est situé à 50 cm de distance, le foyer conjugué s’éloigne encore ; l’oeil doit accommoder de 2 dioptries
  • si l’objet est situé à 33 cm, l’oeil doit accommoder de 100/33, c’est-à-dire de 3 dioptries
  • si l’objet est situé à 25 cm, l’oeil doit accommoder de 4 dioptries
  • s’il est situé à 10 cm, l’oeil doit accommoder de 100/10, c’est à dire de 10 dioptries

Amplitude d’accommodation

Amplitude d'accommodation
Amplitude d’accommodation

L’oeil jouit d’un pouvoir déterminé d’accommodation qui dépend de la plasticité du cristallin.

Dans les premières années de la vie, le pouvoir d’accommodation est considérable.

L’enfant dispose de 14 dioptries d’accommodation, c’est-à-dire qu’il peut encore voir net un objet situé à 100/14, c’est-à-dire à 7 cm de la surface antérieure de la cornée.

Il peut voir simple un fil tendu à cette distance devant son oeil (le cheveu de l’ophtomètre).

A mesure que l’homme avance en âge, la plasticité du cristallin s’atténue et l’amplitude d’accommodation diminue.

  • à l’âge de 20 ans, l’amplitude n’est déjà plus que de 10 dioptries
  • à l’âge de 36 ans, elle n’est plus que de 6 dioptries
  • à l’âge de 44 ans, l’emmétrope ne dispose plus que de 4 dioptries

Cette amplitude d’accommodation ne lui suffit plus pour lire sans fatigue à 33 cm, car il utilise 3 dioptrie pour lire à cette distance et il n’a plus en réserve que 1 dioptries.

Le « confort » nécessaire à une lecture suivie n’est plus assuré.

Entre 60 et 70 ans, le cristallin étant complètement sclérosé, le pouvoir d’accommodation devient nul.

L’amplitude d’accommodation se mesure en dioptries.

Parcours d’accommodation

C’est l’étendue de l’espace dans laquelle les objets peuvent être vu nettement à la faveur de l’accommodation.

Le parcours d’accommodation dépend essentiellement de l’amplitude d’accommodation ; il va de pair avec elle, il sert à la mesurer.

L’oeil emmétrope voit nettement les objets lointains, sans effort d’accommodation.

Le point le plus éloigné de vision distincte est appelé : punctum remotum : R.

Pour l’oeil emmétrope, il est situé à l’infini.

Grâce à la mise en jeu de l’accommodation, l’objet peut s’approcher de l’oeil sans que la vision se trouble.

Cependant, à un moment donné,  l’objet devenu trop rapproché cesse d’être vue nettement.

C’est que l’accommodation a utilisé tout son pouvoir, toute son amplitude ; l’oeil n’a plus de dioptrie d’accommodation à sa disposition.

Le point P en deçà duquel la vision se trouble, le sujet accommodation au maximum, épuisant tout son effort d’accommodation, est appelé punctum proximum : P.

L’intervalle entre le punctum remotum R et le punctum proximum P est dit « parcours d’accommodation ».

Chez l’emmétrope, il sert à calculer l’amplitude d’accommodation.

L’amplitude d’accommodation est égale à 100/P – R et comme R est à l’infini, elle est égale à 100/P.

  • si P est à 10 cm, l’amplitude est égale à 100/10, est est donc de 10 dioptries
  • si P est à 25 cm, l’amplitude est de 4 dioptries

A l’amplitude égale d’accommodation, le parcours d’accommodation varie suivant l’état de réfraction statique de l’oeil.

Prenons comme exemple 3 sujets du même âge (environ 35 ans), jouissant chacun de la même amplitude d’accommodation (environ 6 dioptries).

Un sujet est  emmétrope, un autre myope de 2 dioptries, le troisième hypermétrope de 2 dioptries.

Le parcours d’accommodation n’est pas le même pour tous.

L’emmétrope

L’emmétrope voit depuis l’infini, où se trouve son punctum remotum, jusqu’à un point rapproché, situé à 100/6, c’est-à-dire 17 cm environ (punctum porximum).

L’hypermétrope

L’hypermétrope de 2 dioptries voit net au loin (son remotum est au delà de l’infini) mais, comme il utilise déjà 2 dioptries d’accommodation pour voir au loin, il ne dispose plus que de 6-2=4 dioptries pour voir de près.

Le punctum proximum est situé à 25 cm au lieu de 17.

Un objet situé à moins de 25 cm est vu flou.

Le myope

Le myope de 2 dioptries a un parcours d’accommodation très réduit.

Il ne peut pas voir net au delà de 50 cm (punctum remotum).

Par contre, disposant de 6 dioptries d’amplitude, il dispose en outre des 2 dioptries que lui offre sa réfraction statique, soit 8 dioptries.

Il verra de près à 100/8 ; soit à 12,5 cm environ, lieu de son punctum proximum.

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