Les vices de réfraction : la myopie

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Considérée du point de vue purement optique, la myopie est un état de l’oeil d’où il résulte que le faisceau de rayons parallèles venu de l’infini converge en un point situé en avant de la rétine et non sur la rétine même.

Celle-ci ne reçoit plus une image nette mais une image diffuse, un cercle de diffusion.

La myopie ainsi considérée peut résulter de causes diverses :

  • allongement de l’axe antéro-postérieur du globe ; on dit alors : myopie axile
  • augmentation de réfringence des milieux oculaires (les dimensions de l’axe antéro-postérieur du globe restant normales) ; on dit alors : myopie d’indice.

L’augmentation de réfringence peut être due :

  • à une courbure plus accusée de la cornée, comme on l’observe dans le kératocone
  • à une réfringence plus accusée du cristallin, comme on l’observe dans la cataracte nucléaire au début, comme elle est encore réalisée si souvent par un spasme du muscle ciliaire (spasme d’accommodation)
  • à un déplacement en avant du cristallin par subluxation à l’occasion d’un traumatsime (myopie traumatique)

Quelle que soit la cause, il y a déséquilibre entre la longueur de l’axe antéro-postérieur du globe et la puissance de réfraction du système cornéo-cristallinien ; l’axe antéro-postérieur du globe est trop long pour la force de réfringence des milieux.

La myopie, celle que l’on observe communément, est un vice de réfraction de l’oeil dû à un trouble de croissance ; celui-ci, en rapport avec une pré-disposition congénitale, se traduit par l’allongement et la dilatation du segment postérieur du globe (myopie axile) et aussi, dans bien des cas, par des altérations des membranes profondes.

Étiologie

L’oeil n’est pas myope à la naissance, sauf dans les rares cas de myopie congénitale, caractérisée par une myopie forte et des altérations du fond d’oeil qui l’apparentent à l’albinisme.

A la naissance, l’oeil est ordinairement hypermétrope.

La myopie, trouble de croissance, ne se manifeste guère avant l’âge de 6 ans.

Elle a tendance à augmenter au cours de la période scolaire.

C’est pourquoi on a parfois décrit sous le terme de « myopie scolaire » la myopie qui apparaît et s’aggrave au cours des études scolaires et l’on a invoqué, avec une apparence de raison, des causes diverses :

  • mauvaise attitude de l’enfant au cours de son travail
  • écriture penchée
  • congestion et pesanteur de l’oeil dans la postion inclinée de la tête
  • efforts d’accommodation nécessités par le travail de près
  • éclairage insuffisant des salles d’études

Chacune de ces causes intervient peut-être, mais à titre accessoire.

On peut dire, de façon plus justifiée, que la myopie augmente au cours de la période de croissance, qui est en même temps la période des études scolaires.

La cause la plus évidente de la myopie est l’hérédité.

Il est rare que l’on ne trouve pas, dans l’ascendance d’un enfant myope, la notion que l’un des parents est myope.

Les mariages entre consanguins myopie aggravent pour les enfants le risque de myopie.

Symptômes

Signes subjectifs

C’est vers l’âge de 6 ans que l’enfant éprouve les premiers troubles.

Il lit de près sans aucune peine et écrit avec facilité, mais il voit mal les objets éloignés :

 

  • il ne peut pas lire l’heure au clocher, comme les autres enfants
  • il se plaint de ne pas voir le tableau noir
  • il doit s’en approcher pour voir comme ses camarades

La difficulté qu’il éprouve à voir au loin l’oblige :

  • à cligner des yeux,
  • à fermer à demi les paupières (réalisant ainsi une fente sténopéique).
  • si la myopie est forte, on le voit approcher les yeux de son livre, de ses cahiers : il a la « vue courte »
  • il évite les jeux tels que la balle et se complait, par contre, à la lecture

Plus tard, à l’âge adulte, quand la myopie atteint un degré élevé :

  • le myope ne voit plus qu’à une très courte distance de ses yeux
  • il ne reconnaît les personnes dans la rue que lorsqu’il se trouve à quelques mètres d’elles
  • il choisit une profession que sa vue favorise : une jeune fille excelle à la broderie, parce qu’elle voit, de très près, des détails qui échappent à l’emmétrope

A ces signes s’ajoute souvent une fatigue visuelle qui se manifeste au cours du travail.

Signes objectifs

L’aspect de l’oeil est le plus souvent normal.

L’attention n’est attirée que s’il s’agit d’une myopie de degré élevé : la saillie des yeux est accusée ; le myope, lorsqu’il enlève ses verres, a un regard vague.

Les véritables signes de la myopie sont révélés par :

  • l’examen de l’acuité visuelle devant l’échelle d’acuité (méthode subjective)
  • la skiascopie (méthode objective)

L’examen de l’acuité visuelle

Placé devant l’échelle d’acuité, à 5 m de distance, le myope ne parvient pas à lire les petits caractères de l’échelle ; souvent, avant une myopie de 3 ou 4 dioptries seulement, il ne peut lire que les plus gros caractères, correspondant à une acuité de 1/10 ème.

Le malade cherche à se rapprocher pour mieux lire.

Par contre, le malade voit net de près.

En approchant le livre de ses yeux, il voit les plus petits caractères qu’un emmétrope lui-même ne voit pas.

Cependant, au delà d’une certaine distance, la vision devient impossible ; c’est ainsi qu’un myope de 5 dioptries voit nets, à 20 cm de distance, les caractères d’un livre ; au delà, il ne les distingue plus.

Ce passage brusque de la vision très nette à une vision trouble est un signe de myopie.

Si on place devant l’oeil un verre concave de force croissante, de 1,2,3 dioptries, le malade voit de mieux en mieux.

Il arrive un moment où, s’il n’y a pas de lésion du fond d’oeil, il parvient à lire tous les caractères de l’échelle.

Les verres concaves le plus faible, qui donne la meilleure acuité, indique le degré de myopie ; à ce moment, l’oeil est devenu emmétrope.

Si l’on essaie alors des verres plus concaves de 1 ou 2 dioptries et si le malade est jeune, l’acuité reste tout aussi bonne ; c’est parce que l’accommodation entre en jeu.

C’est pourquoi la mesure de la myopie est donnée par le verre concave le plus faible qui donne la meilleure acuité visuelle.

La skiascopie

La skiascopie permet de déceler la myopie et de la mesurer.

Les ombres marchent en sens inverse, sauf si la myopie est inférieure à 1 dioptrie.

Si, le miroir plan étant placé à 1 m de distance de l’oeil, les ombres sont inverses, le méridien observé est myope d’au moins 1 dioptries ; c’est que le punctum remotum est situé à moins de 1 m de l’oeil.

Si on fait passer devant les yeux, progressivement, les verres concaves de l’échelles, il arrive un moment où le renversement de la marche des ombres est obtenu.

Le premier verre concave qui donne des ombres directes mesure la myopie.

Mais il faut augmenter de 1 dioptries pour avoir la mesure exacte et rendre l’oeil emmétrope.

Il est bon de rechercher, chez un sujet jeune, la distance de punctum proximum, c’est-à-dire la plus petite distance à laquelle il peut lire les plus fins caractères.

Le punctum proximum est toujours plus rapproché de l’oeil que chez l’emmétrope.

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